Avec une centaine de participants, l’après-midi de réflexion organisée le 18 novembre sur le thème de la résilience des filières agricoles en Wallonie a attiré un public d’horizons très divers.
Dans l’introduction, Emmanuel Grosjean, coordinateur du Collège des Producteurs, a répété l’objectif de cet après-midi : nourrir la réflexion sur la résilience du secteur agricole wallon face aux instabilités durables et aux chocs mondiaux, avec un focus sur les tendances macroéconomiques et les solutions que les producteurs et les acteurs des filières mettent en place.
La ministre wallonne de l’agriculture, Anne-Catherine Dalcq, nous a fait le plaisir d’être présente. Dans son intervention, elle a insisté sur le fait que produire en Wallonie, c’est faire le choix de la qualité et de la proximité et que sa priorité est de renforcer la valeur ajoutée du travail des producteurs et de leur production. Il faut avoir des agriculteurs correctement rémunérés.
Cela a ensuite été au tour de Philippe Ledent, économiste à ING, de nous expliquer que l’économie mondiale est entrée dans une nouvelle ère, contrainte non plus par la demande mais par l’offre. Il observe aussi que nous sommes dans une société de services où l’agriculture ne représente plus que 1% du PIB ce qui la rend difficilement audible pour le reste de la société. Par ailleurs, l’alimentation est souvent devenue la variable d’ajustement dans les dépenses des ménages. Face à une hausse des coûts de l’énergie ou d’autres services, les consommateurs tendent à réduire leurs dépenses alimentaires, souvent en se tournant vers des produits de moindre qualité ou de moindre valeur ajoutée. Le grand défi du secteur agricole est de redonner de la valeur à l’alimentation.
Enfin, une table-ronde présentant un panel diversifié d’acteurs du secteur agricole wallon a permis de mettre en avant des stratégies et des visions différentes pour faire face à ces défis.
Plusieurs pistes ont été explorées grâce aux différents témoignages :
- Renforcer les filières locales et la valeur ajoutée des produits, nécessite collaboration et confiance entre tous les acteurs de la filière comme nous l’a expliqué Francis Bebronne de Terre de Fromages, mais aussi une réflexion économique, sociale et environnementale comme le souligne Arthur Lhoist du Tero Group. Noémie Maughan, créatrice du podcast « Le pain qu’on sème » précise que dans certaines filières, comme celle du pain, il faut récupérer tout un savoir-faire perdu pour reconstruire une filière.
- Reconnecter l’alimentation au consommateur n’est pas facile nous explique Maxime Albanese, producteur de viande bovine, car seul 10 à 20 % des consommateurs sont prêts à payer plus cher pour un produit local de qualité dont ils connaissent l’origine. Selon Arthur Lhoist, le succès repose sur une approche par étapes, une vision claire et une capacité à évoluer face aux aléas du marché.
- Se positionner dans les enjeux futurs comme la décarbonation ou la souveraineté alimentaire. Maxime Albanese souligne que l’agriculture est le seul secteur qui est capable de capter du carbone et qu’il faut profiter de cette opportunité tandis que Tom Desmarez, doctorant en Modélisation des systèmes agricoles, ULiège Gbx Agro BioTech, a réalisé une étude qui montre que la Wallonie pourrait atteindre 70 % d’autonomie alimentaire en optimisant ses surfaces agricoles avec le régime alimentaire actuel. Anne Reul, directrice de FEVIA Wallonie (la Fédération de l’Industrie Agro-Alimentaire), ajoute que l’objectif n’est pas l’autarcie mais la capacité de décider collectivement du système alimentaire. Cela implique une collaboration étroite entre tous les maillons pour créer des filières compétitives et génératrices de valeur partagée. Elle insiste sur le fait que 70 % des matières premières agricoles utilisées par l’industrie alimentaire belge proviennent de Belgique.
En conclusion, Emmanuel Grosjean souligne la diversité des modèles agricoles wallons. Le futur ne réside pas dans une solution unique, mais dans une multitude d’initiatives adaptées à leur contexte. La clé du succès sera la capacité des acteurs du secteur à travailler ensemble pour structurer des filières créatrices de valeur.





