Le Collège des producteurs a interpellé, le 2 décembre, le Ministre de l’Agriculture, Willy Borsus, concernant le cri d’alarme des éleveurs de poules pondeuses biologiques. Le Ministre avait débloqué une aide exceptionnelle Ukraine afin de soutenir le secteur avicole. Cette aide était indispensable, notamment pour les éleveurs de pondeuses biologiques, afin d’éviter une perte plus importante que celle déjà rapportée. Sans prendre en compte l’aide reçue, on estime les pertes entre 1500€ et 4000€/poule/cycle de ponte, selon les exploitations.
Toutefois, la situation des élevages est toujours aussi tendue malgré une revalorisation de 0,5 cents/œufs récemment effectuée par les marchands d’œufs, le prix de 17 cents/œufs ne suffit pas à revenir à un équilibre financier. En effet, le prix des aliments reste toujours très haut, de l’ordre de 700 à 720€/tonne. Le prix de la poulette a également augmenté de près de 30% en 1 an, sans compter la hausse des prix de l’électricité, du transport et des emballages. Une crainte est également exprimée : une fois la dérogation sur les 100% d’aliments protéiques Bio levée, le prix des aliments pourrait encore monter à 750, 800 voire 850€/tonne.
A l’échelle de la Belgique et de l’Union Européenne, le prix des œufs conventionnels (œufs en cages enrichies et au sol) n’a jamais été aussi élevé:
- +61% pour le prix moyen de l’œuf au niveau UE et
- + 105% pour l’œuf en cage et
- +87% pour l’œuf au sol au niveau belge (oct. 2021 à oct. 2022)
En raison d’une pénurie d’œufs pour l’industrie, le prix des œufs conventionnels s’envole. Ceci expliquerait le fait que les acteurs de la commercialisation aient choisi de réaliser leur bénéfice sur le prix des œufs Bio, en mettant en péril les aviculteurs belges (et européens). Au niveau des œufs conventionnels, le risque d’être en pénurie incite l’importation d’ovoproduits des pays hors Union Européenne.
En conséquence, il se révèle plus intéressant de produire un œuf au sol qu’un œuf Bio. En effet, le différentiel aliment Bio et aliment sol est de 4 cents/poule/jour pour une différence de prix de l’œuf de moins de 2 cents.
Des arrêts d’activité, des faillites, des reconversions en œufs au sol, des ruptures de stocks d’œufs Bio belges/wallons et des importations d’œufs Bio pour couvrir la demande nous ont été relayées et ont fait grand débat lors de l’assemblée des aviculteurs et cuniculteurs du 16 novembre dernier. Lors de celle-ci, les aviculteurs nous ont demandé de vous relayer ce problème, porté par les 4 membres aviculteurs et les 4 membres Bio du Collège des Producteurs.
