À l’occasion de la Journée Mondiale du Lait* , le Collège des Producteurs propose un état des lieux du secteur laitier, en faisant notamment ressortir la vision des récents et futurs éleveurs laitiers, révélée par un sondage** de terrain . Ce communiqué révèle les défis majeurs auxquels ils font face, leurs aspirations pour l’avenir du secteur, ainsi que les principales caractéristiques de la production laitière wallonne.
Les fermes laitières wallonnes : une passion familiale et une détermination sans relâche
Outre la problématique du revenu et de la rentabilité des fermes, les éleveurs laitiers de Wallonie font face à des défis considérables, notamment la difficulté de concilier vie familiale et vie sociale. Pourtant, les jeunes repreneurs sont motivés par des valeurs fortes : la passion pour le travail avec les animaux, le désir de vivre de leur passion, et une forte volonté de perpétuer les traditions familiales tout en modernisant leurs pratiques agricoles.
C’est ce qui ressort d’un sondage de terrain* mené en 2023 auprès des producteurs laitiers installés et/ou en installation, dont voici les principales informations retirées.
• Profil des répondants : Parmi les 346 répondants, 19% sont actifs dans le secteur laitier. Ces répondants sont constitués de futurs agriculteurs, de chefs d’exploitation récemment installés et d’étudiants en agriculture. Parmi ceux-ci, 7% seulement sont des personnes non issues du milieu agricole.
• Reprises Familiales : Plus de 80% des répondants laitiers ont repris ou envisagent de reprendre l’exploitation familiale. Dans le cadre des reprises familiales, les priorités des récentes installations laitières pour les cinq prochaines années incluent l’optimisation du travail, l’amélioration de l’autonomie et l’agrandissement des exploitations. Ces agriculteurs montrent moins d’intérêt pour la diversification des activités ou l’augmentation des pratiques agroécologiques que la totalité des répondants.
Parmi les principales difficultés rencontrées lors de l’installation, deux aspects sont mis en avant par les répondants :
- Concilier vie professionnelle et vie sociale : Près de 75% des répondants laitiers récemment installés signalent cette difficulté, contre seulement 37% de l’ensemble des répondants tous secteurs confondus. L’astreinte de la traite deux fois par jour et des soins aux animaux pèsent lourdement dans la balance.
- Charge administrative : Environ 50% des répondants laitiers se plaignent de la complexité administrative.
Comment se faire accompagner pour reprendre une ferme laitière/s’installer, même pour les hors secteur agricole ?
Les futurs installés en production laitière recherchent principalement des conseils sur les démarches administratives (74%), des compétences en gestion (48%), financières (52%) et juridiques (39%). Les demandes en conseils techniques sont moins élevées en élevage laitier que dans les autres secteurs de production. Près de 70% des porteurs d’un projet d’installation en production laitière se font conseiller par les structures d’accompagnement spécialisées dans la reprise des fermes, ce qui est plus que la moyenne des répondants tous secteurs confondus.
Les porteurs de projet, même non issus du secteur agricole, sont invités à prendre contact avec les structures d’accompagnement, qui mettent en place des programmes et aides à l’installation.
Fédération wallonne de l’Agriculture (FWA) ; Fédération Unie de Groupements d’Éleveurs et d’Agriculteurs (Fugea); Union Nationale des Agrobiologistes (UNAB); Fédération des Jeunes Agriculteurs (FJA); Bauernbund
Bien comprendre la filière laitière
1) Importance économique : le secteur laitier représente près d’un tiers de la valeur agricole wallonne
La production laitière wallonne représente 30,5% de la valeur de la production agricole wallonne en 2022 (soit 0,77 milliards d’euros). Elle s’élève à 1,273 millions de litres soit 29,5% de la production laitière belge.
La Wallonie est caractérisée par un élevage des vaches laitières à l’herbe et aux fourrages produits sur la ferme. Ceux-ci représentent plus de 70% de la ration. Les compléments apportés pour équilibrer la ration alimentaire sont essentiellement constitués de co-produits de l’industrie agro-alimentaire comme les tourteaux de colza, de lin, de soja (résultants de l’extraction de l’huile), de drèches de brasserie, de pulpes de betterave, etc.
La principale race élevée dans les fermes laitières est la fameuse vache noire et blanche, la Holstein, mais d’autres races laitières comme la Jersey, la Rouge-Pie de l’Est (une race locale), le Montbéliarde, la Brune Suisse, etc. sont également présentes en Wallonie où la production annuelle moyenne par vache est de 7.500 litres.
Selon les derniers chiffres publiés dans l’état de l’agriculture pour 2022, il y a en Wallonie 2.845 détenteurs de plus de 5 vaches laitières (-6,7% par rapport à 2020) parmi lesquels 1.401 exploitations laitières spécialisées (soit 14% du total des exploitations wallonnes). Dans les exploitations spécialisées, le troupeau moyen, en constante augmentation, atteint 86 vaches laitières. La superficie agricole utilisée (SAU) moyenne est de 74 ha dont 87% de prairies et cultures fourragères.
2) Volatilité des prix
Le prix du lait est déterminé mensuellement par les laiteries qui collectent le lait wallon en fonction :
- des teneurs en matière grasse et en protéine du lait,
- de certains critères liés à leur cahier des charges (notamment concernant la durabilité de la production),
- des prix du beurre et de la poudre de lait au niveau mondial
Selon le baromètre laitier du SPW Agriculture, en novembre 2023, le revenu moyen des producteurs laitiers était de 17 €/100L de lait. Il faut noter le prix payé aux producteurs et le prix de vente aux consommateurs ne sont pas liés (par exemple, il y a quelques années lorsque le prix du lait aux producteurs a diminué, le prix au consommateur est resté le même). Les prix entre les entreprises laitières et les acheteurs (opérateurs de la distribution ou autres industries) sont fixés dans des contrats renégociés annuellement.
Pour exemple, en février 2024:
- Coût de production moyen : 0,40 €/l de lait
- Prix moyen aux producteurs : 0,45 €/litre de lait
- Revenu d’autres produits (viande) : 0,12 €/l de lait
- Revenu moyen d’un producteurs laitier : 0,17 €/litre de lait
- Prix au consommateur : 0,65 à 2,15 €/l de lait demi-écrémé
3) Production et industrie
La production laitière belge peut être très fluctuante en fonction des différents facteurs :
- les prix des aliments pour bétail et de l’énergie ;
- les conditions climatiques, particulièrement en Wallonie où la production est très liée aux fourrages produits sur la ferme ;
- l’évolution des normes, environnementales notamment, qui peuvent la limiter.
Ces facteurs, combinés à l’augmentation de l’âge moyen des producteurs laitiers (en 2020, 68% des agriculteurs wallons ont plus de 50 ans) et aux difficultés de reprise des fermes, inquiètent l’industrie laitière belge qui cherche à assurer son approvisionnement en lait, sa matière première.
En 2022, l’industrie laitière belge compte 44 entreprises qui emploient 6270 personnes. Ce secteur a un chiffre d’affaires de 7,1 milliards d’euros.
Plus d’informations via ce lien sur le site de la Wallonie, état de l’agriculture.
Contact presse
Catherine Bauraind
Chargée de Mission Bovins Laitiers
catherine.bauraind@collegedesproducteurs.be
0032 497895082
Marie Poncin
Chargée de Communication
marie.poncin@collegedesproducteurs.be
0032 472987635
* La Journée Mondiale du Lait, célébrée chaque année le 1er juin, a été établie par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour reconnaître l’importance du lait en tant que source alimentaire mondiale.
** Sondage électronique réalisé par le Collège des Producteurs, du 30 mai au 19 juin 2023, en collaboration avec les structures d’encadrement agricole et faisant l’objet d’un comité de suivi.
