Points globaux transversaux
Le 3 septembre, les commissaires UE ont lancé le processus de ratification du projet d’accord entre l’UE et le Mercosur, au travers d’un accord de partenariat global et d’un accord commercial intérimaire. Le commissaire à l’agriculture et à l’alimentation, Christophe Hansen, a voulu rassurer : « Les importations seront limitées et les intérêts de nos agriculteurs soigneusement préservés ». A l’échelle UE, le COPA-COGECA et les betteraviers européens sont partagés sur ce projet d’accord. Par contre, les secteurs du vin et des produits laitiers sont satisfaits. Le secteur du vin est particulièrement touché par les surtaxes américaines et voit dès lors dans ce traité une opportunité d’étendre leurs marchés. Pour le secteur laitier, l’accord ouvre de nouveaux marchés en Amérique du Sud et garantit un secteur laitier plus fort, plus résilient et plus compétitif à l’échelle mondiale. L’Allemagne est partisane de l’accord, alors que la France y est très opposée.
Des produits UE sensibles ont été définis : le bœuf, la volaille, le sucre et l’éthanol. L’accord faciliterait en effet l’entrée sur le marché européen de la viande, du sucre, du riz, du miel et du soja, fragilisant certaines filières UE. De vives protestations sont remontées sur cet accord, ce qui explique que par la suite, des secteurs sensibles ont été intégrés afin d’apaiser les opposants. La CE imposerait des limites supérieures à ce qui peut être importé par rapport à la consommation totale de l’UE. Des garanties de sécurité sont intégrées dans l’accord. En cas de perturbations du marché, la CE mettra en place un fonds pour soutenir. L’accord ne fixe pas de règles sur les normes de production, mais les importations doivent être conformes aux normes internationales reconnues par l’Accord SPS sur les mesures sanitaires et phytosanitaires. La CE insiste sur l’importance de l’accord face aux incertitudes des nouvelles règles de l’ordre mondial.
Cet accord commercial est en faveur de l’industrie UE (automobiles, machines et autres produits industriels), tandis que l’Amérique du Sud bénéficierait d’un meilleur accès au marché UE pour leurs produits agricoles. (sources : Pluimvee, Les Marchés). Les parties prenantes agricoles wallonnes ont indiqué leur désaccord avec cette perspective.
L’annulation de la dispense partielle du précompte professionnel sur les salaires des saisonniers frappe durement plusieurs filières (fruiticulture, maraîchage, …). Les exploitations se retrouvent confrontées à des demandes de rectification parfois élevées, fragilisant leur viabilité économique et accentuant toujours plus les difficultés liées à la main-d’œuvre dans ces filières.
Synthèse des points d’attention du mois
Filière grandes cultures
- Retour sur les moissons 2025 : en céréales les rendements en amidon et en protéines sont bons et les qualités technologique et sanitaire sont bonnes.
- Cette année est marquée par de bons rendements, tant qualitatifs que quantitatifs, pour toutes les cultures. La seule ombre au tableau est le prix, qui ne permet pas à tous de compenser le prix de revient. Seul le prix du colza ne se trouve pas sur une tendance baissière.
- La récolte du maïs bat son plein et la culture de la silphie fait face à des défis réglementaires.
Filière pomme de terre
- Défanages et arrachages écourtés : saison raccourcie en raison de la sécheresse persistante et de perspectives de marché défavorables ; risque accru de coups bleus lors des récoltes.
- Marché libre effondré : suspension des cotations de la Fiwap faute de transactions, prix en chute de 30 €/q en février à <1 €/q ; industrie focalisée sur les lots secs et de qualité, surplus orienté vers la biométhanisation/alimentation animale
- Le moral est au plus bas chez les producteurs, qui se sentent impuissants face aux marchés internationaux
Filière laitière
- La production de lait en Wallonie en juillet 2025 est -6,8% inférieure à la production du mois de juillet 2024. La baisse sur les 7 premiers mois de l’année 2025 s’élève à -5,7%. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à cette diminution importante :
- Selon le Comité du Lait, le nombre de producteurs laitiers en Wallonie au premier semestre 2025 a diminué de -4,7% par rapport au premier semestre de 2024 (Il s’agit du nombre moyen de producteurs par mois). Cela signifie une perte d’environ 200 producteurs.
- Après la crise de la FCO, des producteurs rapportent encore des problèmes sanitaires en nombre supérieur à la normale (avortements inexpliqués, diarrhées de veaux, problème de pattes) et qui entrainent une diminution du volume de production de la ferme.
Il faut noter que, selon le Comité du Lait, la production laitière wallonne en août 2025 atteint 107,8 millions de litres et est supérieure à la production du mois d’août 2023 (107,7 millions de litres), avant la crise de la FCO.
- Le prix du lait est en baisse et atteint 53 €/100L (-3,2 €/100 L par rapport à janvier 2025). Le prix du lait bio est plus stable mais présente également une tendance à la baisse. Il est de 59,9€/100L en juillet 2025. Cette diminution du prix du lait au producteur peut s’expliquer par une baisse notable des cours du beurre et de la poudre de lait sur la marché mondial, liés à une reprise de la production dans certains pays et à une baisse de la demande, notamment de la Chine.
Les producteurs laitiers sont également préoccupés par l’accaparement des terres par des « non-agriculteurs » qui dans certaines régions prend de l’ampleur. Les conséquences sont d’une part une hausse des prix des terres empêchant les reprises et, d’autres part, dans certaines zones, des terres agricoles pratiquement laissées à l’abandon.
Filière viande bovine
- Les prix des veaux laitiers et culards ont augmenté durant les congés pour redescendre légèrement à la rentrée.
- Le prix des mâles est un peu redescendu pendant l’été et s’établissait en semaine 36 à 9,52 € pour les taurillons AS2 selon la mercuriale. Les acteurs parlent d’un marché stationnaire avec une petite pression à la baisse pour les mâles.
- Pour les vaches culardes, les prix avaient baissé en août pour finalement repartir à la hausse depuis. Les prix des DS2 et des DE2 sont respectivement à 9,24 € et 9,07 € / kg carcasse en semaine 36.
- Le prix des vaches laitières de réforme a baissé pendant l’été pour repartir à la hausse avec l’arrivée de la rentrée. Les P2 cotaient en semaine 36 à 5,73 € / kg carcasse et les O3 à 6,25 €. Les prix des vaches laitières restent élevés dans toute l’Europe, par manque de viande destinée à la transformation.
- Les abattages dans les abattoirs wallons ont été plus faibles durant l’été. En juillet et en août, les abattages ont fortement diminué par rapport à 2024. La baisse se marque pour les mâles(taurillons (A) et taureaux (B)) et pour les vaches laitières.
- Les prix de vente consommateur sont revalorisés pour absorber les hausses en mâles et femelles des dernières semaines.Statbel mesurait en août une hausse annuelle des prix de la viande bovine de 16,5 %.
- Les hausses de prix consommateur marquent une influence sur la baisse de la demande.
- L’indicateur de rentabilité conjoncturelle des naisseurs engraisseurs a été actualisé par le SPF économie pour le mois de juillet.La hausse des prix impacte favorablement la rentabilité estimée des éleveurs avec un rapport revenus sur coûts (avec coûts imputés) qui atteint 1,162. Les prix du marché permettent donc enfin d’assurer une rentabilité (main d’œuvre et investissements compris) après des années où le prix du marché était en dessous des coûts de production.
Filière avicole
- Grippe aviaire :
- A l’échelle européenne, la situation sanitaire continue de peser sur la production et alimente une incertitude sur le marché. De nouveaux cas sont déjà recensés dans les élevages commerciaux depuis août (Espagne, Portugal, Bulgarie, Royaume-Uni, Allemagne, Norvège).
- Marchés :
- Poulet standard : prix du marché belge record et situation similaire au niveau UE
- Œufs conventionnels : fermeté des prix en Belgique et dans l’UE
- Poulet de chair bio : demande relativement bonne et offre de poulets insuffisante pour certains acteurs par manque d’éleveurs
- Poulet sous cahiers des charges de qualité : pression forte sur les éleveurs pour quitter le modèle et aller vers le BCC
- Œufs bio : demande toujours très ferme et prix des œufs restant haut
Filière porcine
- Début septembre, la Chine a annoncé la prolongation de son enquête anti-dumping pour 6 mois. Néanmoins, au même moment, elle annonce son intention d’imposer des droits de douane pouvant s’élever à 62,4% pour du porc provenant de l’UE. Cette mesure inquiète fortement le secteur !
- Le prix du porc gras ainsi que le prix du porcelet ont subi une diminution significative depuis la dernière note. Le prix du porcelet est de 48 euros en semaine 37 contre 64 euros en semaine 24, tandis que le porc gras est en semaine 37 de 1,79 euros BPG, contre 2,03 en semaine 24.
- Le prix du porcelet est de 48 euros en semaine 37.
- Le prix des porcs gras (prix abattus BPG) est de 1.79 euros et de 1,30 euros (poids vifs Danys) en semaine 37
Filière ovine et caprine
- La campagne de vaccination a certainement bien protégé le secteur, très peu de cas de FCO 3 ont été détectés chez les ruminants et aucun chez les ovins ou caprins. L’épidémie de 2024 n’est pas reconduite en 2025 fort heureusement.
- Les prix sont à la baisse dans le secteur de la viande ovine. Les décalages de mise bas suite à la FCO ont créé un manque d’agneaux au printemps et un excès à l’automne, ce qui a influencé largement les prix à la hausse au printemps et à la baisse à l’automne.
- La reprise de l’abattoir d’Ath est en cours. La fin de la période de souscription pour les parts coopérateurs était ce 15 septembre.
- La consommation est en légère baisse depuis l’été et durant ce mois de septembre. Couplé à l’afflux massif d’agneaux d’herbage, cela crée une tension sur les prix de la viande. Les prix pratiqués ce printemps ne sont pas reconduits à l’automne et ce dans toutes les filières.
Filière horticulture comestible
- Annulation de dispense partielle de précompte professionnel pour les saisonniers : la récente décision de la Cour constitutionnelle d’annuler la dispense partielle est contraire à l’accord qui avait été négocié en 2022 en commission paritaire et met de nombreuses exploitations en péril. La FWH suit de très près le dossier et participe aux nouvelles discussions.
- Pommes et poires : Estimations 2025 : production européenne globalement stable en pommes et légèrement en hausse pour les poires, mais avec de fortes disparités régionales (poires -25 % en Italie, +32 % en Belgique). Volumes inférieurs aux moyennes triennales : climat instable, pressions biotiques, contraintes réglementaires, transition vers le bio et variétés plus tolérantes mais moins productives. Le secteur demande un cadre européen harmonisé : simplification administrative, règles communes pour les PPP, soutien à la compétitivité et reconnaissance stratégique du secteur
- Fraises: campagne contrastée en fonction des dates de mise en place des plants et de la météo. Approvisionnement problématique : certaines pépinières sont incapables de livrer toutes les commandes. L’année prochaine, les commandes seront passées encore plus tôt dans la saison. Les analyses de juin n’ont pas pu identifier la cause du manque de vigueur sur certains plants de Joly.
- Vignes : la saison aura été excellente et on s’attend à de magnifiques vendanges, tant en qualité qu’en quantité. Les vendanges sont lancées pour les vins effervescents et démarreront très prochainement pour les vins tranquilles.
- Légumes : l’alternance de longues périodes de sécheresse et de longues périodes de pluie entraîne des complications de la gestion du stress hydrique, et une prolifération de ravageurs (altises, maladies en tunnel). A cela s’ajoute d’importants dégâts de corvidés. Commercialisation perturbée : les vacances scolaires modifiées entraînent une baisse de fréquentation en magasins de producteurs et une consommation réduite de tomates. Rendements importants en tomates, courges, oignons et choux, mais la surabondance entraîne parfois une baisse des prix.
Filière horticulture ornementale
- Le gel tardif de ce printemps a entraîné une baisse de la production de sapins de Noël et une hausse probable des prix pour les consommateurs.
Filière Aquaculture
- Depuis juillet, les débits d’eau des piscicultures ont chuté de 46 % à 64 %, atteignant des niveaux historiquement bas.
- En juillet et août, le marché de la truite a connu des baisses chez les grossistes, traiteurs et restaurants mais des hausses dans la distribution, les franchises et une légère reprise des restaurants en août.
- La situation sanitaire est marquée par un cas de NHI entraînant des mortalités de 10 à 70 %, et par une progression discrète mais continue de la PKD.
- Des détériorations causées par les ratons laveurs et les castors sont signalées sur plusieurs piscicultures, tandis que la prédation des oiseaux piscivores continue de provoquer d’importantes pertes au sein des cheptels.
Filière Bio
- Les récoltes sont globalement bonnes cette année, en qualité et en quantité
- La demande est supérieure à l’offre pour plusieurs filières (poulet, lait, porcs, œufs).
- Une surproduction de pomme de terre bio est annoncée et des prix très bas sur le marché libre.
- La disponibilité des semences bio, en qualité et en quantité, fait parfois défaut.
- Une grande enseigne de la GMS a retiré les poulets bio de son rayonnage (équivalent à 1500 poulets/semaine).
Secteur de la transformation et de la commercialisation en circuit-court
- Bonne saison pour les fraises et les tomates en frais. Néanmoins, la rentabilité pour transformer les excès de production semble discutable.
- Les pommes et poires sont à maturité plus tôt que d’ordinaire, ce qui engendre des coûts liés au stockage
- Les outils et formations développés par le projet Trèfle rencontrent beaucoup de succès.
- La saison pour la glace a été particulièrement favorable, en lien avec la météo clémente de cet été.
- Les distributeurs automatiques sont en croissance, avec des retours très favorables de la part des producteurs.
- La FCO a potentiellement engendré des problèmes d’immunité au sein des troupeaux, avec une recrudescence des problèmes de staphylocoques dans les produits laitiers. Les volumes de lait, par contre, semblent être revenus à la normale.
Les prix GMS
Données de Statbel (août 2025) :
L’inflation s’élève à 1,91% (1,92% en juillet), poursuivant sa baisse observée depuis le début 2025. L’inflation des produits alimentaires (y compris les boissons alcoolisées) s’est élevée à 2,42% (2,98% en juillet). Cela dit, elle est en augmentation. En mai, elle s’affichait à 2,04%. Le prix de la viande de bœuf et veau connait une forte augmentation par rapport à août 2024 (+16,5%), ainsi que la viande d’agneau (+10,1%) et les jus de fruit et légumes (+7,1%).
L’édition du panier Test Achats du mois d’août met en évidence une inflation dans les supermarchés belges stabilisée en juillet (2,49%) et août (2,5%), en légère augmentation par rapport à juin (2,31%). Les produits ayant connu la plus forte hausse : huile d’olive (+22%), fondants au chocolat (+22%) suite à la hausse du prix du cacao, le jus d’orange (+21%) en raison des mauvaises récoltes d’oranges, les boissons rafraîchissantes (+7%), certains légumes et produits d’épicerie (+4%). Les produits avec la plus forte baisse : carottes et bananes (-8%), la salade iceberg (-6%).
Pour le relevé de la mi-juin à la mi-septembre, les plus fortes hausses ont concerné le bœuf et les légumes, alors que les baisses ont concerné les pommes de terre, le lait et les céréales et secs.
Les trois GMS dont les prix sont collectés par SOCOPRO reprennent les données suivantes :
Catégorie | Du 19/05/2025 au 16/06/2025 | Du 16/06/2025 au 08/09/2025 |
---|---|---|
Bœuf | +2,89 % | +3,93 % |
Porc | +0,87 % | +0,68 % |
Volaille | 0 % | +0,82 % |
Œufs | +0,31 % | 0 % |
Lait | -1,28 % | -4,01 % |
Beurre | 0 % | -0,42 % |
Fromage | -1,85 % | +0,61 % |
Truite | +5,71 % | +0,3 % |
Pommes de terre | +3,21 % | -5,98 % |
Légumes | +4,51 % | +1,03 % |
Fruits | +0,50 % | +0,16 % |
Céréales et secs | +2 % | -1,52 % |
Bières | +2,53 % | +0,68 % |