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Synthèse des points d’attention – Avril 2022

De manière globale, la guerre en Ukraine génère des perturbations dans la plupart des secteurs. Les points d’attention transversaux suivants sont mis en évidence :

  • La Banque mondiale prévoit dans son dernier rapport « Commodity Markets Outlook » que les prix vont se maintenir à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024. Globalement, il s’agit du plus grand choc sur les produits de base depuis les années 1970. La Banque mondiale estime que les prix de l’énergie vont probablement grimper de plus de 50% en 2022 avant de baisser en 2023 et 2024. Les prix des produits agricoles et des métaux devraient pour leur part augmenter de 20% en 2022, puis diminuer au cours des années suivantes.
    • Dans le cadre l’Assemblée Générale de la FWA, Mariia Dudikh, la directrice du Forum National Agraire Ukrainien (UNAF) a précisé : i) que, malgré les difficultés dues au conflit et aux conditions climatiques, 70% du territoire agricole ukrainien devrait pouvoir être semé, ii) les agriculteurs rencontrent de gros problèmes logistiques notamment pour s’approvisionner en carburant, en engrais et en semences, iii) une partie des cultures de maïs sont remplacées par du tournesol ou du soja (cultures plus rémunératrices pour un volume à l’hectare moindre) et iv) qu’avant le conflit, 95 % des exportations ukrainiennes transitaient par des ports ;  avec le siège de Marioupol (2ème port ukrainien), les biens à transportés sont redirigés vers la Roumanie via le transport ferroviaire (source: Pleinchamp n°17 du 28 avril 2022).
  • En continuité avec la situation identifiée dans la NT30, il est rappelé que la flambée du prix des matières premières pour l’alimentation animale continue son ascension et des risques de rupture d’approvisionnement sont mis en avant, notamment pour les filières bio et qualité différenciée. La situation continue à engendrer des risques de rupture d’approvisionnement en céréales, plus encore pour le maïs, Les stratégies spéculatives des opérateurs à l’échelle européenne et mondiales liées à ces situations font craindre des faillites en cascades (d’abord faillites au niveau négoces et courtiers, … puis fabricants d’aliments).
  • En regard des matières premières Bio, des risques de ruptures d’approvisionnement en maïs bio venant de l’Europe de l’est, dont les pays du nord de l’Europe sont très demandeurs, tirent le prix des céréales bio à la hausse. De plus, le marché des céréales conventionnelles restant à des prix hauts comme jamais atteints, cela pousse inévitablement dans le même sens (de la céréale bio peut être au même prix que de la conventionnelle). Pour les matières premières protéiques, après de longs mois d’augmentation, le tourteau de soja bio semble se stabiliser à son prix le plus haut. Le problème actuel concerne le tourteau de tournesol qui provient majoritairement d’Ukraine et dont la chaîne d’approvisionnement est complètement à l’arrêt.
    • Les producteurs de porcs et volailles sont les plus directement touchés par ces explosions de coûts et plus encore par des indisponibilités de produits en Bio. La production de lait de chèvre est également touchée par une croissance importante des coûts de production.
  • En continuité avec la situation identifiée dans la NT30, le prix des bovins et de la viande bovine grimpe depuis l’été 2021 partout dans l’UE suite à une diminution du cheptel qui tire les prix vers le haut. Des tendances à la hausse existent aussi en porc et volaille (notamment suite à la diminution d’offre lié à la grippe aviaire en France) ; néanmoins, ces augmentations ne couvrent pas nécessairement la croissance des coûts de production qui est par exemple évaluée entre 1 à 2 eur/kg de viande en bovins.
    • Un acte délégué en préparation par la Commission européenne pour autoriser des dérogations sur l’usage de 5% de matières protéiques non-bio pour l’alimentation des volailles et porcs bio en vue de gérer des problèmes d’approvisionnement de matière protéiques bio venant d’Ukraine (cette mesure était inscrite dans l’ancien règlement bio, mais uniquement pour le stade jeunes animaux aujourd’hui ouvert par cet acte délégué au stade adulte). Effet rétroactif au 24 février (début de la guerre). Chaque Etat-membre décide d’activer ce système dérogatoire ou pas. Un système informatique sera mis en place afin d’assurer un échange d’information entre Etats-membres sur les dérogations octroyées. Il y a une période de maximum 12 mois qui est fixée pour ce système dérogatoire. Cette dérogation est déjà mise en place aux Pays-Bas et en Allemagne (en anticipation de la législation européenne) et est en discussion en Flandre et en Wallonie. Cette dérogation aura pour conséquence de freiner la hausse du prix des aliments mais ne pourra malheureusement pas compenser l’entièreté des hausses encore attendues
  • Engrais : les cours des principaux engrais azotés, phosphatés et potassiques sont en baisse depuis début avril en raison de la reprise de la production en Europe et d’une diminution de la demande mondiale. La flambée des cours des engrais génère un surcoût de production de 300 à 500 eur/ha (50 eur/t de blé) ; les producteurs ont majoritairement décidés d’investir dans les engrais en espérant que les cours des céréales n’allaient pas chuter à la récolte.
  • Sur l’ensemble les chaînes de transformation, la hausse des matières premières, des coûts énergétiques (frigo et transport/logistique) ainsi que celle d’autres intrants comme les emballages génère une augmentation des coûts qui reste évaluée entre 20 à 30 % (grande variabilité selon les secteurs).
  • Au niveau des opérateurs de distribution, la croissance des coûts énergétiques et de transport/logistique cumulés à l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat fait craindre à certains acteurs des risques de faillites de distributeurs indépendants/plus petits ainsi qu’une inadéquation fatale entre les stratégies de prix bas orientées consommateurs et les réalités d’augmentation de coûts à tous les maillons. Beaucoup d’acteurs témoignent de tendances des consommateurs à se détourner de certains produits suite à l’inflation (circuits courts, bio, report de consommation des beaux morceaux vers du haché,…).
  • Concertation de la chaîne alimentaire : L’invasion russe et en particulier les craintes de sanctions et de ruptures d’approvisionnement ont fait grimper les prix de l’énergie et des matières premières dans l’Union européenne. Cette situation continuera d’impacter les coûts de production de l’ensemble de la chaîne agro-alimentaire et l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Les producteurs et transformateurs font face à de plus en plus de notifications concernant l’indisponibilité d’ingrédients et de matériaux d’emballage. Les produits doivent dès lors être reformulés au moyen de matières premières et d’ingrédients alternatifs ou leur production est tout simplement suspendue temporairement.

Face à cette situation, les organisations de la concertation de la chaîne, demandent que tous les acteurs de la chaîne alimentaire accordent une attention particulière à cette problématique et l’abordent avec bon sens, afin que l’impact soit réparti équitablement tout au long de la chaîne. La question de la prise en charge d’une partie de la hausse des coûts par le consommateur divise et différentes possibilités d’intervention en amont des pouvoirs publics sont sollicitées afin d’éviter que la situation ne soit fatale à très court terme pour certains maillons au sein de la chaine (sont notamment évoqués les coûts des matières premières et les coûts énergétiques ainsi qu’un stand-still en matière de charges et d’obligations). La souplesse et le pragmatisme sont aussi sollicités en matière d’étiquetage des produits alimentaires ( https://economie.fgov.be/fr/themes/entreprises/situation-en-ukraine/etiquetage-des-denrees)

A propos

Les éléments présentés dans le document sont établis sur base

  1. d’échanges avec des membres du Collège des Producteurs et des Commissions Filières
  2. de points d’attention spécifiques au bio établis en partenariat avec Biowallonie.

Il s’agit d’un travail non exhaustif faisant ressortir les éléments essentiels des préoccupations et perceptions des acteurs.

Méthodologie

L’objectif de ce rapport est de détecter les évolutions principalement au niveau des prix et de l’approvisionnement et d’identifier les préoccupations du secteur.

Une note est remise au Ministre chaque semaine à partir du 1er avril. Un rapport synthétique hebdomadaire est également publié.

Les différents acteurs des filières sont consultés par les chargés de missions du Collège des Producteurs.

Au niveau des fermes, les éléments à identifier pour tous vos produits (lait, bêtes maigres, bêtes grasses, produits transformés etc.) sont les suivants :

  • Evolution des prix
  • Evolution des quantités vendues
  • Problèmes / préoccupations par rapport aux débouchés et circuits de commercialisation
  • Problèmes / préoccupations par rapport à la collecte (normes sanitaires, restriction des quantités produites, …)
  • Préoccupations par rapport au fonctionnement de la ferme (approvisionnement, …).

Sources

Un ensemble d’opérateurs se mobilisent pour donner une visibilité représentative de leur secteur. Ils sont les partenaires privilégiés du Collège des Producteurs au travers l’animation de nos Commissions Filières.

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