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Synthèse des points d’attention – Février 2022

De manière globale, les points d’attention transversaux suivants sont mis en évidence :

  • Le prix des aliments pour animaux continue son ascension, suite à l’augmentation du prix des matières premières : sur un an, + 15-20%/froment et escourgeon, + 11%/maïs, +52% colza.  Un supplément de 25% du coût des aliments engraissement bovin est cité sur un an. Cette hausse est encore plus impactante sur les coûts des productions porcines et avicoles, très dépendantes des aliments composés (plus de 65% des coûts de production sont dus à l’alimentation). En Bio, les problèmes sont exacerbés notamment par les couvertures en soja prises à présent par les fabricants d’aliments qui entraîneront encore des hausses de prix jusqu’au mois de juin.
  • L’augmentation des coûts de production est également tributairede la hausse d’autres intrants: énergie, transports, emballages, engrais, … Par exemple, une étude menée par le Centre Pilote horticulture ornementale et le Collège des Producteurs a démontré que pour donner les garanties de pérennisation des entreprises/pépiniéristes, une augmentation des prix de vente de 15% serait nécessaire.
  • Le conflit entre la Russie et l’Ukraine ajoute des pressions à la situation des filières agricoles :
    • Tension sur les marchés des matières premières agricoles. La Russie et l’Ukraine représentent 30% des exportations mondiales de blé, 15% de maïs, 29% d’orge et 79% d’huile de tournesol.
    • Risque d’exacerber les tensions sur le prix de l’énergie. La Russie constitue le deuxième plus gros producteur de gaz naturel.
    • Renforcement du prix des engrais. La Russie est fournisseur de nitrate d’ammonium, de phosphates et de potasse.
  • Les secteurs relaient des difficultés pour négocier avec la grande distribution la revalorisation des prix de leurs produits, suite à l’augmentation des coûts de production à tous les maillons de la chaîne. Les acteurs économiques empressent la distribution de se mettre autour de la table.

Selon STABEL (Comptes macro-économiques de l’agriculture | Statbel (fgov.be)), la valeur ajoutée nette agricole recule de 6,9% en 2021 par rapport à 2020, du fait de l’augmentation du prix des intrants : augmentation des coûts de l’énergie, des aliments pour animaux et des engrais. L’augmentation des coûts est chiffrée à 15,1%. L’effet de la hausse du prix des aliments composés pour animaux est de +15,3%, tandis qu’une amélioration de la valeur de la production des cultures est observée (+15,6%).

Pour le secteur des grandes cultures :

  • Tensions fortes sur les filières agricoles suite au conflit Russie et Ukraine (prix)
  • Augmentation du prix froment et escourgeon sur un an : +15-20% ; entre 230 et 250 €/tonne (cotations Fegra). Tendance identique pour le blé meunier (marché à terme) : 260-290 €/tonne.
  • Baisse du prix de l’orge de brasserie = -10%/mois précédent (332 €/tonne- cotations Fob Creil).
  • Prix particulièrement bas de l’épeautre conventionnel non décortiqué (150-190 €/tonne). Raison invoquée : stocks allemands très importants et qualité moindre des épeautres belges.
  • Cours de colza particulièrement élevés même si diminution en janvier : + 52% en un an ; 703 €/tonne (marché à terme).

Pour les secteurs avicoles et porcins :

  • Secteur avicole :
  • Poulet standard : offre temporairement inférieure à la demande du marché suite au grand nombre d’éleveurs et pays touchés par la grippe aviaire. Conséquence : prix du marché des poulets vivants très hauts (1,13 sur Deinze et 1,09 sur ABC en semaine 7) contribuant à ramener de la rentabilité dans les fermes. Difficulté pour les abattoirs de répercuter cette augmentation à leurs clients.
  • Œufs :
    • Pression sur le prix d’une entreprise acquérant de plus en plus un monopole sur le marché des œufs.
    • Pas de mouvement significatif des distributeurs et centres d’emballage pour augmenter le prix des œufs aux éleveurs, alors que besoin pressent exprimé par les éleveurs pour faire face à l’augmentation de leurs coûts de production. Une hausse des coûts en œuf Bio de 2,16 €/100 o. et en œuf plein air de 2,75 €/100 o. avait été annoncée par la Commission filière aviculture-cuniculture en octobre dernier. Ces coûts n’ont fait qu’augmenter depuis.
    • Œufs plein air : crainte des éleveurs d’une diminution du prix de leurs œufs suite à la perte du code 1 dès le 7 mars.
  • Poulets biologiques et sous régime de qualité : baisse constatée de la demande du marché par des consommateurs recherchant de plus petits prix.
  • Projets de nouveaux poulaillers en arrêt (augmentation du coût des matériaux de construction, blocage de permis d’environnement, crainte des éleveurs face à l’augmentation du coût de production).
  • Secteur porcin :
  • Augmentation des coûts des aliments se poursuivant ; plus forte encore en Bio. Coût supplémentaire estimé à 30 €/porc.
  • Difficulté de faire accepter l’augmentation des prix à la grande distribution afin de couvrir les charges. Une concertation de la chaîne est souhaitée.
  • Prix du porc standard : augmentation de 5 cents/kg carcasse. Trop peu par rapport aux coûts de production. Besoin de plus 25-30 €/porc au producteur.
  • Prix des porcs en filières à valeur ajoutée : stable mais besoin de plus/augmentation des coûts de production.
  • Offre excédentaire de viande porcine au niveau européen avec des baisses de production : -10% en Allemagne, – 13% en Pologne. Espagne à contre-courant d’une baisse de production.

Pour le secteur bovins viande :

  • Prix en vif : viandeuses et réformes laitières en hausse ; bétail non culard en hausse plus rapide que bétail culard, comme du maigre par rapport au gras ; veaux de lait en hausse mais pas suffisant (70€).
  • Prix carcasse :
    • Stable pour les mâles voire une baisse légère (demande plus calme), marché tendu par contre pour les vaches (demande plus forte notamment à l’export) ; en forte hausse pour les vaches laitières de réforme.
    • Poursuite de l’augmentation du coût de production des transformateurs et grossistes impactant les marges difficulté de répercuter cette hausse aux clients (certains se détournent vers de la viande mâle ou d’autres classes ou races). Crainte toujours présente que les consommateurs se détournent de la viande bovine trop chère.

Pour le secteur bovins lait :

  • La production laitière en Belgique en 2021 s’élève à 4.183 millions de litres, soit une diminution de -0,5% par rapport à celle de l’année 2020.
  • La production laitière en Wallonie a diminué de 2% en 2021 par rapport à 2020 et s’élève à 1.275 millions de litres.
  • Le prix moyen de lait aux producteurs belges est toujours à la hausse pour atteindre 46,9 €/100L pour le lait conventionnel et 49,96 €/100L pour le lait bio en décembre 2021.
  • Le cours mondial du beurre s’est stabilisé après une légère baisse et ceux des poudres de lait sont à nouveau en hausse : +5,8% pour la poudre de lait entier et +4,3% pour la poudre de lait écrémé sur les 6 dernières semaines.

Pour le secteur des pommes de terre :

  • Marché industriel belge toujours très soutenu : recherche active par les entreprises et offre moindre. Prix en augmentation pour les variétés Fontana/Challenger, Bintje et Innovator.
  • Marchés fermes également aux Pays-Bas, France et Allemagne.

Pour le secteur de l’horticulture comestible :

  • Poires : interdiction prise par la Biélorussie le 22 janvier d’interdire l’importation de poires UE.Impact néanmoins limité pour certains producteurs et négociants néerlandais et belges.
  • Pommes : situation toujours défavorable avec un commerce très calme et des stocks importants en Europe.
  • Maraîchage : période très difficile pour les producteurs avec des quantités vendues en baisse et des prix en moyenne très bas sans d’augmentation substantielle en vue.

Pour le secteur de l’horticulture ornementale : période calme.

Production de plantes annuelles : le contexte actuel d’inflation et d’augmentation des coûts de production a incité les producteurs à se questionner sur le prix de vente 2022 à fixer.  Dans ce cadre, le Centre Pilote pour l’horticulture ornementale (CEHW) et le Collège des Producteurs ont réalisé une étude de l’évolution du prix de revient entre 2019 et 2022 pour objectiver l’augmentation du coût de production des plantes annuelles et permettre aux horticulteurs de se positionner par rapport au prix.

De manière globale, d’après les résultats, les prix de vente devraient augmenter de 10 % et ce afin de pouvoir réaliser une marge visant à la pérennisation de l’entreprise.

Pour les plantes issues de semis, une augmentation de l’ordre de 15% est préférable.

Pour le secteur Bio et les circuits courts :

  • Les acteurs du secteur bio contactés indiquent une activité de vente en produits bios et circuits court variable en février et qui tend à se stabiliser. Certains produits voient leur prix consommateur augmenter de manière significative. Plusieurs acteurs de la production envisagent d’augmenter leurs prix d’ici peu pour répercuter l’augmentation des coûts de production liés à l’augmentation du coût de l’énergie et / ou de l’alimentation des animaux d’élevage.
  • La demande en viande bovine reste soutenue.
    • En céréalescolzapdt et carottes : pas de demande.
    • En lait, la demande semble reprendre mais le prix reste moyen par rapport au conventionnel.
    • En poulet, la demande reste faible. En poule pondeuse circuit court, la demande est encore présente. Plusieurs acteurs craignent une surproduction de produits bio et s’interrogent sur l’impact des politiques de développement du secteur.

Selon la mercuriale de Biowallonie du mois de février la majorité des prix des céréales restent stables par rapport aux prix de janvier. Toutefois, au niveau des céréales alimentaires, le prix du froment panifiable est légèrement en hausse (+ 14 €/t) alors que le prix de l’épeautre diminue (- 37 €/t)

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A propos

Les éléments présentés dans le document sont établis sur base

  1. d’échanges avec des membres du Collège des Producteurs et des Commissions Filières
  2. de points d’attention spécifiques au bio établis en partenariat avec Biowallonie.

Il s’agit d’un travail non exhaustif faisant ressortir les éléments essentiels des préoccupations et perceptions des acteurs.

Méthodologie

L’objectif de ce rapport est de détecter les évolutions principalement au niveau des prix et de l’approvisionnement et d’identifier les préoccupations du secteur.

Une note est remise au Ministre chaque semaine à partir du 1er avril. Un rapport synthétique hebdomadaire est également publié.

Les différents acteurs des filières sont consultés par les chargés de missions du Collège des Producteurs.

Au niveau des fermes, les éléments à identifier pour tous vos produits (lait, bêtes maigres, bêtes grasses, produits transformés etc.) sont les suivants :

  • Evolution des prix
  • Evolution des quantités vendues
  • Problèmes / préoccupations par rapport aux débouchés et circuits de commercialisation
  • Problèmes / préoccupations par rapport à la collecte (normes sanitaires, restriction des quantités produites, …)
  • Préoccupations par rapport au fonctionnement de la ferme (approvisionnement, …).

Sources

Un ensemble d’opérateurs se mobilisent pour donner une visibilité représentative de leur secteur. Ils sont les partenaires privilégiés du Collège des Producteurs au travers l’animation de nos Commissions Filières.

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Le Collège des Producteurs