Contexte
Dans le cadre de l’action 3 du Plan stratégique de développement de l’agriculture biologique 2030 (Plan Bio), la Socopro a été mandatée par le SPW ARNE DDRCB pour élaborer un plan stratégique de développement pour chaque filière bio significative en Wallonie. Ces plans fixent des objectifs clairs et identifient les actions nécessaires pour renforcer l’agriculture biologique, conformément aux ambitions du Plan Bio 2030.
Afin d’étayer ce travail, la Socopro a conçu une méthode de projection innovante : l’approche “panier bio”. Cet outil, pensé comme une aide à la décision interne à la plateforme bio, permet d’évaluer les volumes, surfaces et cheptels à atteindre en 2030 pour répondre à la demande locale. Il ne s’agit pas d’un outil de communication publique mais d’une base solide pour orienter les discussions et choix stratégiques.
Objectifs de l’approche
- Projeter la consommation bio en 2030, en tenant compte du comportement d’achat des ménages wallons.
- Identifier les filières prioritaires, là où la demande future dépasserait l’offre prévue.
- Challenger et ajuster les objectifs en surfaces, exploitations certifiées et parts de marché, en les mettant en cohérence.
- Fournir un socle chiffré pour construire les plans d’actions filières.
Méthodologie en 3 étapes
1. Détermination du “panier bio”
○ Évaluation du budget annuel par habitant à consacrer aux produits bio en 2030, à partir d’un revenu agricole jugé décent, du nombre cible d’exploitations (4 720), et de plusieurs hypothèses validées avec le SPW, Biowallonie et l’APAQ-W (ex. évolution démographique, coefficients de marge, aides PAC).
○ Résultat : une dépense totale d’environ 1,5 milliard d’euros pour les produits bio wallons.
2. Répartition des dépenses par produit
○ Ventilation du panier bio entre catégories productibles en Wallonie, selon les tendances de consommation 2016-2022.
○ Pondération des produits en fonction de leur faisabilité de production locale (ex. 70 % pour les légumes, 50 % pour les fruits).
○ Identification d’un poste “autres produits transformés” représentant plus de 25 % de l’augmentation prévue, qui nécessiterait une analyse plus fine.
3. Conversion en volumes, cheptels et surfaces
○ Transformation des dépenses en volumes (kg, litres, pièces) à l’aide de prix projetés pour 2030.
○ Application de coefficients techniques (rendements, besoins alimentaires, chargements) pour estimer le nombre d’animaux, le cheptel total, et les hectares certifiés bio nécessaires.
Exemples :
■ Viande bovine : 33 912 bovins engraissés, soit un cheptel de 56 972 UGB et environ 116 000 ha de surfaces herbagères.
■ Porcins : augmentation par 7,5 par rapport à 2022.
■ Fruits : triplement des volumes pour répondre à la cible de consommation prévue en 2030.
Résultats et enseignements
● Part de SAU bio : passerait de 12,7 % en 2022 à 24,7 % en 2030, soit près du double.
● Tendances contrastées selon les filières : certaines (lait, volaille) affichent une stabilité en 2022, tandis que d’autres (porcins, fruits, céréales alimentaires) nécessitent une forte montée en puissance.
● Limites de l’exercice :
○ Hypothèse d’autarcie (consommation locale = production locale) qui simplifie les échanges internationaux.
○ Absence des données sur la restauration hors domicile.
○ Catégorie “autres” insuffisamment documentée.
Intérêt stratégique
L’approche “panier bio” permet :
● De visualiser la cohérence globale entre consommation, production et surfaces nécessaires.
● D’anticiper les écarts entre offre et demande afin de cibler les investissements et accompagnements.
● De renforcer la concertation entre producteurs, transformateurs, distributeurs et pouvoirs publics en s’appuyant sur des chiffres partagés.
Perspectives
Cette méthode sera un outil réutilisable pour les futurs exercices de planification (ex. prochain Plan Bio / PSDAB). Elle peut être affinée grâce à de nouvelles données (restauration collective, import/export) et enrichie pour des scénarios alternatifs (crises, changements de tendance).
