Skip to main content

Portrait

Angélique MINNE

Angélique et Stéphane ont fait naître leur propre exploitation à Acosse au milieu des terres de cultures qu’ils exploitent. Après un difficile parcours pour obtenir les autorisations nécessaires, la construction des nouveaux bâtiments a eu lieu courant 2015 pour accueillir les jeunes truies l’automne de la même année. Dès le départ, ils ont fait le choix de travailler en haut statut sanitaire ce qui leur permet de n’utiliser que très peu d’antibiotiques et de vaccins. Cependant, ce choix leur impose une très grande rigueur de travail (douche avant chaque entrée dans l’exploitation, organisation des fournisseurs, des épandages, …). Au niveau de l’alimentation, plus de 70 % est composé de céréales (maïs, orge et froment) produits et stockés sur l’exploitation ou achetés à des voisins cultivateurs. La distribution de ces aliments est effectuée par un système de machine à soupe. Finalement, l’ensemble des porcs sont vendus sous label à la coopérative Porcs Qualité Ardenne.

Interview

Vous destiniez vous à être agricultrice/productrice ? Être une femme a-t-il été un frein ?

Mes parents avaient une explication de cochon, donc on peut dire que je suis née là-dedans, et qu’ils m’ont transmis leur passion, l’amour de ce travail. Être une femme n’a jamais été un frein car dans la production porcine ou dans les campagnes, le travail reste réalisable par une femme. D’ailleurs dès mon plus jeune âge je roulais déjà en tracteur avec mon papa. Nous, les femmes, n’avons peut-être pas la force physique d’un homme, mais du coup nous devons avoir une force mentale pour trouver des solutions, et savoir avancer en toutes circonstances.

Comment le secteur agricole perçoit la reprise d’une activité par une femme ? Est-ce bien accueilli ?

Je dois avouer que je suis une femme de caractère, et toutes les personnes travaillant avec moi le savent et donc je n’ai jamais eu de comportements malveillants ou autres remarques. Et je pense être traitée à la même valeur qu’un homme.

Avez-vous l’impression qu’un compagnon/mari est plus considéré, dans l’esprit commun, comme le « représentant » de l’exploitation agricole que sa compagne/épouse ?

Mon mari et moi sommes complémentaires. C’est moi qui m’occupe principalement des tâches administratives, des réunions, formations et autres. Donc je pense que les gens connaissent plus Angélique que Stéphane, mais il ne faut pas oublier que lorsque je suis partie ou en réunion, la ferme tourne grâce à lui. D’ailleurs, dans mon entourage, il y a beaucoup de femmes agricultrices qui travaillent dans l’ombre de leur mari. Ici, c’est l’inverse.

Avez-vous l’impression que les droits des agricultrices sont bien défendus ? Quelles améliorations pourraient être mises en place ? Quelles sont les évolutions positives concernant la condition des femmes dans l’agriculture aujourd’hui (mentalité, confiance, législation, …) ?

Pour ma part, je ne vois pas de différence entre agricultrice ou agriculteurs. Nous sommes défendus au même titre.
Je pense que la femme est acceptée à juste titre en agriculture. Et disons que ceux qui ne l’acceptent pas, ou portent un jugement négatif, je m’en éloigne et je m’entoure de personnes positives.

Quels sont les défis que réserve l’avenir de l’agriculture (revenu, transmission, durabilité, …) ? Et quel rôle les femmes peuvent-elles jouer ou jouent-elles déjà ?

L’avenir de la culture, un long débat. Il faudrait toujours être rémunéré par la qualité du travail et par les heures prestées.

Car en Belgique nous produisons de la nourriture de qualité, avec des normes et des lois très strictes.

Souvent les agriculteurs sont pointés du doigt car on cherche une cause ou un coupable à certaines situations par exemple la pollution des eaux, les cancers, … Mais pour ma part, j’aime mon métier, j’aime mes animaux, j’aime les terres est donc je n’ai nullement intérêt à mal gérer ceux-ci. Je souhaite transmettre la passion pour ce métier à mes enfants, comme mes parents me l’ont transmis et donc bien entendu il faut préserver la nature pour eux, comme pour nous. Et ne jamais oublier que nous faisons le mieux que nous pouvons. C’est d’ailleurs pour ça que nous avons choisi le label PQA, une alimentation sans antibiotiques, sans OGM, avec 70% de céréales, des porcs avec un bien-être élevé (lumière, m2, zones de couchage, …) Nous avons l’envie de bien faire et ça aussi pour les champs. Nous traitons que quand il y a besoin et en quantité minimum.

J’espère que dans le futur les gens se rendront compte de la difficulté de notre métier et de la qualité des produits que nous produisons en Belgique. Et se souviendront que derrière chaque aliment, se cache un agriculteur, une femme/homme, mais aussi une famille.

Quel/s conseil/s donneriez-vous à une jeune femme qui aimerait lancer son exploitation agricole ?

Si tu aimes ce métier, si tu es passionnée alors ne lâche rien et fonce. Ce ne sera pas toujours facile loin de là, mais si on fait les choses avec son cœur, ça en vaut la peine.

Retrouvez demain le portrait de…
Le Collège des Producteurs