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Portrait

Mélanie MALZAHN (Lait bio) – Lauréate en 2016

Au départ, Mélanie Malzahn est aide-bergère en Fagne avec un troupeau de 1000 moutons. En 2015, elle décide de s’installer à Ligneuville dans une petite ferme pour produire du lait bio avec une race bovine tombée dans l’oubli : la Rouge Pie de l’Est mixte ou la « Rouge Royale » comme certains agriculteurs aiment l’appeler.

Elle lance activement le projet de réhabilitation de la race Rouge-Pie de l’Est.
Elle créé l’asbl des Rouge-Pie de l’Est mixte dans le but de sauvegarder cette race belge qui est menacée, de créer un livre généalogique avec l’aide de l’AWE, de promouvoir l’élevage de la race et de faciliter la mise sur le marché de produits (viande et produits laitiers) de qualité différenciée. Mélanie est engagée sur la mixité et l’agriculture extensive en cercle fermé comme source de durabilité pour l’agriculture. Certains collègues éleveurs qui se sont spécialisés sur l’élevage type viandeux commercialisent également de la viande chez les bouchers de la région.

Avec l’aide d’un appel crowdfunding via Miimosa, elle a développé un projet de mini-fromagerie à la ferme afin de faire des essais de recettes sur différents types de fromage en vue de valoriser le lait des Rouge Pie de l’Est dans un futur atelier partagé.

Interview

Vous destiniez vous à être agricultrice/productrice ?

Oui, depuis toute petite. Depuis que je sais parler et marcher.

Être une femme a-t-il été un frein ?

Oui, nous ne sommes pas prises au sérieux.

Comment le secteur agricole perçoit la reprise d’une activité par une femme ? Est-ce bien accueilli ?

Non, c’est toujours un monde assez machiste.

Avez-vous l’impression qu’un compagnon/mari est plus considéré, dans l’esprit commun, comme le « représentant » de l’exploitation agricole que sa compagne/épouse ?

En général oui, mais mon mari répand avec bonne intention l’image que c’est moi la « patronne » en me nommant ainsi devant le monde qui passe à la ferme.

Avez-vous l’impression que les droits des agricultrices sont bien défendus ? Quelles améliorations pourraient être mises en place ?

Sur cette question je ne souhaite pas faire de différences entre hommes et femmes : les droits des Agriculteurs et Agricultrices sont en voie de disparition totale, toute la profession de taille familiale est en voie de disparition, chiffres et statistiques à l’appui, mais personne n’a l’air de s’en inquiéter…. Les points d’améliorations : rendre une voix et de la visibilité aux vrais experts de terrain (c. a. d. les agriculteurs praticiens, les faiseurs) et remettre à leur juste place les lobbys idéologiques représentés par des soi-disant experts descendants de leurs tours d’ivoires (les bureaucrates théoriciens, les parleurs) qui sont actuellement surreprésentés dans toutes les commissions politiques, ONG, etc. par un facteur 10 au minimum.

Quelles sont les évolutions positives concernant la condition des femmes dans l’agriculture aujourd’hui (mentalité, confiance, législation, …) ?

Sans vouloir tomber dans des clichés : le métier peut parfois demander un effort physique important qu’une femme ne peut simplement pas fournir de par sa constitution, surtout quand on travaille avec des animaux d’une certaine taille et d’un certain poids (bovins en l’occurrence). Ici, la technologie a fait beaucoup de progrès pour faciliter le travail de grande pénibilité.

Quels sont les défis que réserve l’avenir de l’agriculture (revenu, transmission, durabilité, …) ? Et quel rôle les femmes peuvent-elles jouer ou jouent-elles déjà ?

La globalisation est un leurre, pour rencontrer les objectifs à la fois écologiques et durables, de souverainetés alimentaires et d’aspects moraux (relations Homme-Animal) nous avons besoin de beaucoup de petites fermes au lieu de très grandes fermes peu nombreuses. La force d’une petite entreprise agricole est de mener ce projet de vie en couple, qui de plus est complémentaire. Et ce n’est pas lié au genre (l’Homme ou la Femme), mais l’important, c’est cette complicité et la complémentarité.

Quel/s conseil/s donneriez-vous à une jeune femme qui aimerait lancer son exploitation agricole ?

Soyez têtues, renseignez-vous chez des faiseurs et non des parleurs, adaptez votre projet à votre taille de faisabilité, calculez votre rentabilité avec les pires scenarii pour toujours avoir de belles surprises en cours de route et ne redoutez pas de faire un pas en arrière pour faire deux pas en avant.

Retrouvez demain le portrait de…
Le Collège des Producteurs