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Lors de la journée Grand Angle Lait organisée par l’IDELE (Institut de l’élevage – France) début avril, une des présentations traitait du renouvellement des actifs et de l’évolution de l’organisation du travail dans les fermes laitières, avec un focus particulier sur l’apport des femmes. Voici une synthèse des différents constats de l’étude.

1. Contexte en France

Le passage du pic de la vague démographique et une période économique favorable pour les exploitations laitières accélère leur transformation. On observe une accélération de la robotisation, un recours plus important au salariat, l’intensification de la production par vache et la croissance des plus grandes exploitations.

En France, les éleveurs laitiers quittent massivement le secteur dès 60 ans entraînant une chute de la pyramide des âges. La transition est plus rapide que dans d’autres secteurs agricoles. 38% des producteurs laitiers en 2018 ont quitté le secteur en 2024 et 50% l’auront quitté en 2027, selon les projections.

Dans ce contexte, quelle place y a-t-il pour les installations de nouveaux éleveurs et éleveuses ?

2. Critères de transformation des exploitations

b. La robotisation et le salariat

La robotisation est passée de 8% à 19% en 10 ans alors que le pourcentage d’ETP (équivalent temps plein) salariés a atteint 21% en 2024. Ces transformations ont été permises par une amélioration économique des exploitations.

c. Le développement des exploitations de plus de 150 vaches laitières

42% des vaches laitières en France se trouvent dans des troupeaux de plus de 100 vaches laitières (98410 troupeaux), 14% dans des troupeaux de plus de 150 vaches laitières (2406 troupeaux). Seules 0,2% des vaches laitières se trouvent dans des exploitations de plus de 400 vaches laitières (15 troupeaux).

d. Reprise de l’intensification laitière par vache

Avec la sortie progressive des quotas et jusqu’en 2012, le rendement apparent des vaches laitières, en France, a progressé d’environ 1.000 litres par an (de 5.600 à 6.600 litres). Entre 2012 et 2020, le rendement est resté relativement constant pour reprendre sa progression à partir de 2020. L’augmentation du rendement apparent par vache laitière semble même s’intensifier en 2024 pour atteindre 7.000 litres/vache/an. Ce rendement moyen reste légèrement inférieur au rendement moyen européen. En France, on observe également des contrastes territoriaux très importants.

En Wallonie, le rendement laitier augmenté également. En 2024, il était en moyenne de 8.500 litres par an par vache.

e. Nouvelle organisation du travail

En France, jusqu’en 2022, le nombre d’installations était plutôt stable. Par contre, les prévisions pour 2023 et 2024 montrent une chute du niveau d’installation. Deux hypothèses ont été émises. Soit les projets d’installation sont retardés en attendant de connaitre les nouvelles politiques régionales à l’installation (en effet, l’Etat français a transféré cette compétence aux Régions il y a peu), soit les robots et les salariés remplacent les éleveurs. Cela entrainerait une transformation majeure de l’organisation du travail des exploitations françaises qui deviendraient beaucoup plus intensives, du moins en régions de plaine.

En Wallonie, 410 exploitations laitières sont gérées par des jeunes de ≤ 40 ans (soit 30% des exploitations). Ces exploitations sont plus grandes que la moyenne wallonne avec, en moyenne, 217 bovins laitiers dont 103 vaches laitières et une superficie de 86 ha.

Source et plus d’information sur le site de l’Etat de l’Agriculture wallonne

1.     Le parcours d’installation des femmes

Lors de leur installation, les femmes rencontrent des difficultés spécifiques :

Au niveau économique :

  • Prêts bancaires moins élevés. Vendeurs et bailleurs de terres sont plus défiants à l’égard des femmes et de leurs projets.
  • Seulement 30% des femmes bénéficient des DJA (Dispositifs Jeunes Agriculteurs) contre 55% des hommes. C’est dû en partie à des installations plus tardives.
  • Elles présentent plus souvent des projets atypiques ce qui augmente le risque de refus de financement.

Au niveau sociologique et culturel :

  • Un frein majeur est la pratique culturelle de la transmission de la ferme au fils.
  • L’homme reste vu comme le propriétaire et le transmetteur du patronyme, des terres et du capital productif.
  • 1/3 des femmes s’installent sur la ferme du conjoint.

Au niveau de l’organisation du travail, il existe plusieurs modèles :

  • L’installation individuelle : éleveuse est autonome et a une capacité d’adaptation et d’innovation.
  • Dans l’équipe conjugale, il y a une “complémentarité des sexes” traditionnelle. La femme réalise des travaux d’intérieur moins visibles (administratif, soins vétérinaires, nettoyage). L’homme effectue les travaux des champs, l’entretien du matériel qui sont des travaux à l’extérieur, visibles.
  • Dans les collectifs féminins, on observe un système de roulement dans le planning de travail, des femmes autonomes sur l’ensemble des activités de la ferme, décisionnaires, innovantes.

La manière dont les éleveuses s’identifient sont très différentes, donc les femmes est un groupe très hétérogène.

Cependant, les femmes innovent pour adapter les outils de travail, particulièrement si elles ont le leadership suffisant pour instaurer le changement. Elles favorisent le roulement dans le travail, une répartition “sexée” du travail limité, l’innovation et le transfert des savoirs.

La place des femmes en élevage est une nécessité absolue pour le renouvellement de la filière. Pour maintenir la production actuelle, il faut puiser dans ce vivier de talents. Les femmes ont souvent une formation plus longue, elles arrivent plus tard dans le métier.

Pour attirer les femmes, il faut donner une image du métier positives avec des modèles inspirants. On observe que la mixité dans un collectif permet une performance globale meilleure. L’adaptation du matériel et des installations mis en place par les femmes vont bénéficier à tout le monde. La robotisation donne un peu de souplesse de l’organisation du temps, pour une mère de famille par exemple.

En Wallonie, les femmes représentent 20% des jeunes agriculteurs. Elles s’installent en moyenne 3 ans plus tard que les hommes. Le besoin de garantir un revenu fixe au sein du ménage par un travail à l’extérieur, une tendance culturelle à transmettre l’exploitation au fils plutôt qu’à la fille ou une volonté d’émancipation via le travail à l’extérieur de l’exploitation agricole etc. peuvent être des facteurs expliquant ce phénomène.

Source : Etat de l’Agriculture wallonne