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En mars, les cotations des œufs flambent partout en Europe : records battus en Allemagne, tension historique en France, Espagne et Pologne. En cause ? Un cocktail de grippe aviaire, de transitions d’élevage, de contraintes environnementales… et d’une consommation toujours plus soutenue. Face à cette envolée, même les États-Unis s’intéressent aux œufs européens. État des lieux d’un marché sous tension.

Toute l’Europe est touchée par le prix des œufs en ce mois de mars : la France avec des prix aussi élevés par rapport à février 2023, moment où la grippe aviaire plombait la production française ; en Allemagne, la cotation n’a jamais été aussi élevée depuis sa création en 2018 ; en Espagne, les records sont aussi battus.

Certains opérateurs citent des ventes en œufs plein air à 3,5 euros/kg, ce sont des prix inédits.

Différentes raisons à cette hausse du prix des oeufs

La grippe aviaire de cet hiver : la Pologne connait de tels manques que le besoin de s’approvisionner sur le marché allemand est nécessaire, alors que d’habitude, c’est dans l’autre sens. L’Italie du Nord est également en recul face à la pression de la grippe aviaire.

Le passage de la cage enrichie au sol pour la France et l’Espagne, entraînant des poulaillers en reconversion pour le moment et sans production. A cela s’ajoute qu’une fois les bâtiments convertis, une perte de 20% des capacités de production devra être assumée.

Pays-Bas : les règles environnementales ont contraint un grand nombre d’éleveurs d’arrêter leur production afin de limiter les émissions de nitrates. C’est également le cas dans une moins grande mesure en Flandre.

Consommation d’œufs record dans l’UE, malgré un ressort économique : les œufs sont perçus par les consommateurs comme un produit sain et polyvalent et pas cher (protéine la plus abordable).

Concernant la situation aux Etats-Unis

Selon la revue les Marchés du 10 mars (groupe Réussir), les informations selon lesquelles des USA poussent à l’importation des œufs depuis l’UE sont les suivantes :

Pas d’envoi pour le moment par l’Europe, même si les ambassades américaines n’hésitent pas à démarcher et expliquer les démarches à réaliser. Les États-Unis cherchent avant tout à importer des œufs coquille pour alimenter leurs casseries, 70 à 100 millions d’œufs selon le plan de l’administration Trump.  Les envois d’ovoproduits sont très contraignants, surtout si les sites européens n’ont pas d’agrément, ce qui est le cas notamment de la France. La Pologne, quant à elle n’a de licence que pour la vente aux casseries, pas en magasins. Les Néerlandais ont perdu les leurs le mois dernier –mais l’administration Trump semble vouloir annuler le retrait.

Selon la presse américaine, il est peu probable de voir un flux d’œufs coquille nord-européen vers les États-Unis. Néanmoins la Pologne s’est dit en mesure d’envoyer des ovoproduits. Le groupe espagnol Inovo cherche à établir quelles quantités d’œufs il est en mesure d’envoyer outre-Atlantique et discute avec l’USDA des obstacles administratifs, selon Bloomberg. rapporte Bloomberg. Selon Rabobank, seule, 3% de la production mondiale en œufs est exportée et principalement vers des pays limitrophes, limitant les opportunités pour les USA d’importer les volumes nécessaires pour couvrir les besoins, face à la pénurie d’œufs qui sévit chez eux. D’un autre côté, le prix des œufs calibrés semble se tasser, en raison d’une nette baisse de la demande : mise en place de quotas par beaucoup de distributeurs, changement de menus dans l’Horeca, beaucoup de stocks constitués par les ménages depuis le début de la pénurie et plus de nouveaux cas de grippe aviaire depuis deux semaines.

C. Colot, d’après l’Observatoire des Filières Agricoles, Collège des Producteurs 

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