Le 13 juin 2025, l’AG de la CBL (Confédération Belge de l’Industrie laitière) a eu lieu à Court-Saint-Etienne.
Lors de son allocution de bienvenue du Président de la CBL, Sébastien Buytaert, a fait le point sur les défis et les opportunités qu’a rencontré le secteur laitier belge en 2024. Ensuite Lien Callewaert, directrice de la CBL, a présenté les chiffres clés de l’année 2024.
En 2024, le secteur laitier belge a dû faire face à de nombreux défis !
- Défis géopolitiques
- La Chine a lancé une enquête anti-subventions sur les produits laitiers de l’UE en réponse à l’enquête européenne anti-subventions sur les voitures électriques chinoises. La CBL et ses membres se sont inscrits en tant que parties prenantes à cette enquête qui a entrainé une lourde charge logistique et administrative. Les exportations de l’UE vers la Chine représentent 85 millions d’euros. Il s’agit de l’un des principaux marchés d’exportations pour la Belgique hors UE.
- L’imposition de nombreux droits de douane par Donald Trump inquiète l’industrie laitière belge, plus à cause de ses effets négatifs sur le commerce mondial que de l’impact direct des droits de douane. La fédération européenne EDA a plaidé pour que les produits laitiers ne soient pas repris sur la liste des contre-mesures potentielles de l’Union européenne. Les Etats-Unis, avec 36 millions d’euros, occupent la huitième place au rang des destinations d’exportation des produits laitiers belges hors UE.
- Défis en matière de maladies animales
- Depuis l’été 2024, les exploitations laitières belges ont été touchée par la FCO (Fièvre catarrhale ovine) entrainant une baisse de la production. La campagne de vaccination est en cours.
- Début 2025, la fièvre aphteuse a été détectée en Allemagne puis en Hongrie et en Slovaquie. L’impact sur les exportations est énorme même s’il a été démontré que le lait traité thermiquement ne présentait aucun risque pour la santé humaine.
- Défis sur le plan du climat et du renforcement de la durabilité
- Les entreprises laitières travaillent sur plusieurs points : consommation énergétique, utilisation de l’eau, emballages plus durable et limitation des pertes alimentaires.
- Les entreprises laitières s’engagent à soutenir davantage la durabilité des producteurs laitiers grâce à des programmes de durabilité, l’octroi de primes ou un soutien financier à certaines mesures.
Mais aussi de belles opportunités !
- La consommation domestique de produits laitiers a augmenté de +4% en 2024 et 72% des Belges consomment au moins 1 produit laitier par jour (Source : VLAM).
- Les bienfaits santé du lait et des produits laitiers sont de plus en plus reconnus et documentés.
- La demande mondiale est en croissance, notamment la demande en beurre qui bénéficie d’un regain d’image positive en raison de son caractère naturel et traditionnel. La demande soutenue, combinée à une certaine rareté sur le marché, a conduit en septembre 2024 à des prix records du beurre, qui ont atteint 8100 euros/tonne.
- L’appréciation positive des consommateurs envers la qualité des produits laitiers est un signal positif.
Monsieur Buytaert termine son introduction en relevant que les entreprises laitières belges restent prudentes face à la pression sur la rentabilité. Selon l’observatoire des prix du SPF Economie, la marge nette des laiteries et de fromageries a légèrement progressé en 2024 (1,23% en 2024 contre 1,1% en 2023) mais reste largement inférieure à la marge nette de l’ensemble de l’industrie alimentaire et des boissons (près de 4,5%).
Le paysage laitier belge et européen est en pleine restructuration, avec des achats et des annonces de fusion qui ont comme objectif la consolidation des entreprises. Maintenir la rentabilité est indispensable pour assurer la compétitivité et la pérennité des entreprise laitières en Belgique et elle demande des gains d’efficacité à chaque maillon de la filière.
Les chiffres clés de l’année laitière 2024 (Source : rapport annuel CBL)
- Les livraisons annuelles de lait
Les livraisons annuelles de lait en Belgique en 2024 se sont élevées à 4,35 milliards de litres. Il s’agit d’une diminution de -0,8% par rapport à l’année 2023. Au niveau de l’UE, les livraisons, en 2024, ont augmenté de +0,4% par rapport aux livraisons de 2023. De manière générale, les livraisons ont surtout diminué dans le nord-ouest de l’UE.
Il faut noter que les livraisons de lait ont augmenté de +22% depuis 2015, année de la suppression des quotas laitiers.
Les livraisons belges de lait bio ont diminué de -4,1% en 2024 par rapport à 2023.
- Le prix moyen du lait
En 2024, le prix moyen du lait a été de 49,62 €/100L. Ce prix moyen est supérieur à celui de 2023 (45,19€/100L) et inférieur à celui de 2022 (55,14 €/100L) mais la tendance des prix du lait sur plusieurs années est à la hausse. La croissance de la demande mondiale devrait permettre de maintenir cette tendance à la hausse.
Cette tendance permet au prix du lait aux producteurs d’être supérieur aux charges hors main d’œuvre et de libérer un revenu positif (Source : baromètre laitier).
- Les fournisseurs de lait
La Belgique compte 5.640 fournisseurs de lait en 2024, ce qui représente une baisse de -4,1% par rapport à 2023.
- L’évolution de la production de produits laitiers en 2024/2023
En Belgique, les fabrications de fromages, desserts, crème et produits laitiers frais (yaourts, lait fermenté, …) sont en hausse alors que les fabrications de lait en poudre, de lait de consommation, de beurre et de crème glacée sont en baisse.
Produits | Évolution en % (2024 vs 2023) |
---|---|
Fromage | +11% |
Desserts | +3% |
Crème | +1% |
Produits laitiers frais | +10% |
Lait en poudre | -8% |
Lait de consommation | -1% |
Beurre | -7% |
Crème glacée | -6% |
En 2024, par rapport à 2005, la part des différents produits laitiers dans la fabrication totale a également évolué. La part de fabrication de fromage et de crème augmente nettement, la part de beurre légèrement alors que la fabrication de lait de consommation, de produits laitiers frais et de lait en poudre diminue.
- La consommation des ménages belges
Produits | Consommation des ménages en 2024/2023 |
---|---|
Lait | +3,1% |
Crème | +4,7% |
Beurre | +4,3% |
Fromage | +0,6% |
Yaourt | +2,8% |
- L’industrie laitière belge en 2024 s’est :
- 7,35 milliards d’euros de chiffre d’affaires (+5% par rapport en 2023) ;
- 178 millions d’euros d’investissements (-6% par rapport à 2023) et
- 060 emplois (-1% par rapport à 2023).
Vers le rapport annuel de la CBL
Quelques points clés pour 2025
- Une demande mondiale à la hausse avec une offre un peu limitée dans les bassins exportateurs qui devraient maintenir le prix du lait à un bon niveau.
- Les maladies du bétail, le changement du climat, la pénurie de main d’œuvre seront des défis structurels que la filière laitière devra gérer au niveau mondial.
- Le ralentissement de la croissance mondiale, le prix du pétrole, le taux de change et le programme de taxes à l’exportation des USA auront un impact.
- Le défi en 2025 ne sera plus seulement de fabriquer des produits laitiers à un prix abordable pour le consommateur mais aussi d’avoir une disponibilité suffisante.
- De bonnes marges pour les producteurs ne conduit plus automatiquement à une hausse de la production et à un rééquilibrage des prix.
- Pour la filière laitière européenne, il faudra assurer la résilience financière et donc investir dans les trois pôles de la durabilité (économie, social et environnemental).
