A l’initiative de l’IIS Wasabi 2.0, et grâce à une collaboration avec le Collège des Producteurs et l’Asbl Aquaculteurs de Wallonie, la filière aquacole wallonne a engagé une réflexion collective visant à identifier ses besoins prioritaires en matière de recherche et d’innovation. Le mot d’ordre est clair : mieux collaborer pour renforcer la résilience et la durabilité de la filière.
Dans cette perspective, un sondage de la filière aquacole wallonne a été réalisé au cours de l’Assemblée sectorielle d’Aquaculture organisée par le Collège des Producteurs à Annevoie et auprès des pisciculteurs représentants de la filière au Collège des Producteurs afin de mettre en évidence les besoins prioritaires en recherche et innovation exprimés par les pisciculteurs, afin d’orienter les travaux des acteurs de la recherche vers des problématiques concrètes de terrain.
Cette démarche a pour but de remonter les réalités du terrain afin de structurer l’orientation de la filière et d’encourager le développement de nouvelles collaborations.
Trois priorités majeures en matière de recherche et innovation
- Lutte contre les oiseaux piscivores
La prédation aviaire constitue un enjeu économique et écologique majeur pour la filière aquacole wallonne
Les besoins en recherche portent notamment sur :
- Le développement de solutions efficaces de protection, de dissuasion et d’effarouchement (filets, cages, dispositifs sonores ou visuels, drones, systèmes de comptage, etc.) ;
- La compréhension et la gestion de l’augmentation des populations d’oiseaux piscivores ;
- L’évaluation de l’efficacité, de la faisabilité et de la durabilité des différentes techniques mises en œuvre.
L’impact de cette problématique sur la rentabilité des exploitations est jugé très important par les professionnels.
- Adaptation aux changements climatiques
Le changement climatique représente un défi majeur, notamment au niveau de la gestion de l’eau et du bien-être des poissons.
Plusieurs axes de réflexion et d’expérimentation sont identifiés :
- La gestion de la quantité et de la qualité de l’eau (baisse de disponibilité, hausse des températures, limitation du taux d’oxygène dissous) ;
- La recherche d’espèces ou de souches plus résistantes, bien que cette piste semble à ce jour complexe au vu de l’absence de résultats concluants dans d’autres pays, notamment en France ;
- La diversification des espèces vers des espèces plus résilientes (carpe, black bass, carpe herbivore, etc.).
Par ailleurs, le développement et le test de solutions techniques et environnementales sont considérés comme prioritaires :
- Mise en place de toiles d’ombrage sur les bassins ;
- Optimisation des techniques de refroidissement de l’eau et de remédiation ;
- Systèmes de recirculation partielle ;
- Recours aux énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique) ;
- Revégétalisation des berges et gestion qualitative des milieux (y compris la régulation de certaines espèces, comme le castor).
Ces dispositifs devraient faire l’objet d’une évaluation de recherche et développement afin de mesurer leur impact réel sur la température de l’eau, la qualité du milieu et le bien-être animal.
- Adaptation des outils pharmaceutiques aux petites structures
Les pisciculteurs wallons expriment un besoin important de solutions sanitaires adaptées à leur réalité, caractérisée par une petite échelle de production.
Les priorités identifiées sont :
- Le développement de vaccins multi-pathologies, incluant notamment des maladies à déclaration obligatoire telles que la SHV ou la NHI ;
- L’exploration de la faisabilité d’auto-vaccins à coût réduit, mieux adaptés aux volumes wallons ;
- L’identification de solutions spécifiques pour certaines espèces, comme l’esturgeon, pour lequel aucun vaccin n’est actuellement disponible ;
- Le renforcement des mesures de biosécurité et des moyens de désinfection ;
- L’étude de stimulants immunitaires (boosters) pour renforcer la résistance des poissons face à des conditions climatiques de plus en plus stressantes.
Les contraintes liées à l’homologation des produits et à la taille réduite du marché wallon rendent également l’accès à certains traitements particulièrement complexe.
Bertrand Hoc — Chargé de mission Aquaculture
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