Points globaux transversaux
La convention “Pax Veterinaria” entre en vigueur le 1er janvier. Elle introduit des améliorations pour garantir l’expertise et la rémunération des vétérinaires chargés de mission pour l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire (Afsca). Concrètement, jusqu’en 2028, la rémunération horaire des vétérinaires indépendants chargés de mission augmentera de 17 euros par heure en complément de l’indexation annuelle, pour passer progressivement des 58 euros actuels à 75 euros. Entre 2022 et 2023, cette rémunération avait déjà augmenté de 4 euros. L’augmentation sera financée par le secteur.
Perspectives pour le marché des protéines animales en 2025 : la production mondiale de protéines animales devrait connaître une légère croissance, principalement soutenue par les secteurs des fruits de mer et de la volaille (source Rabobank).
Les résultats des tests réalisés en Belgique et aux Pays-Bas après la confirmation du premier cas de fièvre aphteuse en 37 ans en Allemagne confirment qu’aucun animal n’a été trouvé porteur de la maladie.
Synthèse des points d’attention du mois
Filière grandes cultures
- Un effet ciseau est redouté pour les agriculteurs en grandes cultures. Ces derniers ont vu leurs revenus fortement diminuer en céréales et en betteraves, tandis que le prix des intrants augmente actuellement avec le prix du gaz.
- Les céréales se développent bien malgré des conditions d’implantations compliquées.
- Le mauvais rendement en sucre et en racine des betteraves va impacter fortement les revenus des betteraviers.
Filière pomme de terre
- Les arrachages sont terminés mais les conditions humides de fin 2024 impactent la capacité de stockage. Il faudra être vigilant pour éviter le développement de pourriture dans les stocks.
- Les marchés sont fermes et les prix restent bons.
Filière laitière
- Le prix moyen du lait aux producteurs belges en fin 2024 est de 55€/100 litres pour le lait conventionnel et 59,7 €/100 litres pour le lait bio. Les prix sont en hausse par rapport aux mois précédents.
- En novembre 2024, l’impact de la FCO se fait encore sentir en Wallonie avec une production laitière inférieure de -4% à celle de novembre 2023. En Wallonie, la diminution de la production sur les 11 premiers mois de l’année 2024 est de -2.1% par rapport aux 11 premiers mois de 2023.
- On observe une diminution de la demande européenne en beurre comme conséquence de l’inflation des prix à la suite de la diminution de la production laitière. Cela engendre des baisses du cours du beurre depuis octobre 2024.
Filière viande bovine
- Les prix de bovins maigres sont stables, même si la demande est plus tendue sur les vaches culardes.
- Le prix des mâles est à 6,70 € pour les taurillons AS2 selon la mercuriale des prix en semaine 2. Les acteurs parlent d’un marché en légère hausse pour les mâles sur décembre – janvier. La hausse sur un an est de 45 cents / kg carcasse environ.
- Pour les vaches culardes, les prix sont en forte hausse depuis novembre. La demande est plus forte que la disponibilité (manque de vaches). Les prix sont arrivés pour les DS2 et les DE2 respectivement à 7.00 € et 6,91 € / kg carcasse en semaine 02. La hausse sur un an est de 70-80 cents / kg carcasse depuis le début de l’année.
- Les abattages dans les abattoirs wallons ont été assez faibles en novembre (baisse dans toutes les catégories) et ont été importants en décembre. La différence de chiffres s’explique par l’activité des fêtes de fin d’année. La reprise observée se marque surtout en taurillons et vaches culardes. Les abattages dans ces catégories ont été soutenus.
- Les acteurs parlent d’une bonne demande pendant les fêtes de fin d’année, qui se prolonge sur la 1ère quinzaine de janvier alors que traditionnellement, la demande est plus faible en janvier.
- Les avortements couplés à la mortalité observée à l’échelle de l’ensemble du pays suite à la FCO, auront un impact négatif sur le nombre de naissances des prochains mois et sur la taille du cheptel viandeux belge dans les prochains mois et années ! Cela pourrait avoir un impact sur l’équilibre offre – demande en bovins des prochaines années, notamment sur la disponibilité en taurillons dans 1 an – 1 an et demi. Cela va engendrer une pression sur la trésorerie des fermes et peut-être pousser des éleveurs à arrêter l’élevage.
Filière avicole
- Marchés :
- Poulet et œufs conventionnels : en 2024, les prix et revenus des éleveurs ont été assurés.
- Poulet de chair Bio : la pression du Better Chicken Commitment (BCC) s’est fait entendre tout le long de l’année 2024, alors que la demande des consommateurs se relève. Les nouvelles règles du cahier des charges Bio préoccupent les éleveurs.
- Poulet sous cahiers des charges de qualité : en 2024, les perspectives sont restées positives. La facilitation de l’octroi des permis d’environnement est un point de préoccupation majeur.
- Œufs bio : la situation a été positive en 2024 et reste positive au niveau des ventes en 2025, il n’y a pas assez d’œufs pour répondre au marché.
Filière porcine
- L’année 2025 commence sous le signe de la fièvre aphteuse, identifiée en Allemagne. La première conséquence est une diminution du prix allemand et l’arrêt des exportations vers certains pays comme la Corée, le Mexique, le Royaume unis et la Suisse. D’autres pays peuvent encore se manifester en fonction des accords commerciaux en vigueur. Les conséquences pour la Belgique se font directement ressentir, par une diminution des prix également.
- Les prix du porcelet ont repris leur hausse fin 2024, pour atteindre 58 euros durant 4 semaines. Les dernières actualités ont occasionné une diminution de deux euros en semaine 3.
- Les prix du porc gras continuent leur diminution depuis plusieurs semaines, pour atteindre un prix qui n’a plus été vu depuis 2022. Le prix des porcs gras (prix abattus BPG) est de 1.67 euros et de 1,18 euros (poids vifs danys).
- L’incertitude vis-à-vis de la continuité des activités de l’abattoir d’Ath crée de l’anxiété chez les éleveurs en circuits courts.
Filière ovine et caprine
- La campagne de vaccination se prépare bien. De nombreuses questions sont encore en suspens, mais les lignes directrices sont déjà bien comprises du secteur.
- Le pic de mortalité FCO est bien derrière les éleveurs pour 2024, mais actuellement, la majorité des pertes indirectes se dessinent. Ces pertes indirectes sont surtout dues aux pertes de reproduction. Une enquête du Réseau ovins caprins sera menée durant cet hiver.
- La mortalité absolue des mois de juillet – août – septembre s’élève à 35 620 moutons, soit 17,8% du cheptel national.
- La recapitalisation qui doit avoir lieu en 2025, pénalisera négativement la disponibilité en agneaux pour l’aval de la filière. L’aide octroyée par la Région Wallonne permet aux éleveurs de recapitaliser plus rapidement les cheptels. Des commandes de femelles de renouvellement sont déjà envoyées.
- La productivité numérique (nombre d’agneaux commercialisables par brebis), qui inclut l’infertilité, les avortons, le manque de vigueur et la mortalité des nouveaux nés, est très faible en 2025. Cela aura un impact non négligeable sur la disponibilité en viande ovine.
- L’incertitude vis-à-vis de la continuité de l’activité de l’abattoir d’Ath crée de l’anxiété chez les producteurs en circuit court et en filière.
Filière horticulture comestible
- Pommes et poires : les prix en pommes et poires restent très bons mais ne suffisent pas à compenser les faibles tonnages de 2024. Le secteur arboricole reste fragile et cela impacte négativement le potentiel de reprise des exploitations par des jeunes.
- Vignes : La moyenne de 70% de pertes dans les vignobles wallons est confirmée avec de grandes disparités entre vignobles, certains ayant perdu la totalité de leur récolte.
- Légumes : janvier est un mois très calme pour les producteurs de légumes qui préparent la nouvelle saison. Les journées froides de ce début d’année sont bénéfiques aux sols et favorisent la destruction des ravageurs. Les derniers stocks d’oignons se vident. Les carottes industrielles de 2024 ont atteint des rendements excellents. Le secteur souhaite tout de même rappeler que la pénurie de main-d’œuvre reste un problème majeur pour les producteurs et un frein conséquent au développement de l’horticulture comestible en Wallonie.
Filière horticulture ornementale
- En pépinière, la demande est forte pour les arbres fruitiers haute-tige et les plantes indigènes. A l’inverse, elle est faible pour les plantes ornementales horticoles.
- La saison a été globalement bonne en sapins de Noël, tant au niveau des volumes que des prix.
Filière Aquaculture
- Malgré quelques gels ponctuels, l’alimentation des poissons a été maintenue grâce à un débit d’eau accru, et les températures des eaux d’élevage restent conformes aux moyennes saisonnières.
- Les ventes de truites varient selon les circuits de commercialisation, avec des baisses chez les grossistes HORECA, les distributeurs locaux, les traiteurs et les restaurants, tandis que les boutiques du terroir et les franchisés affichent des hausses.
- Une nouvelle pisciculture a été contaminée par la Nécrose Hématopoïétique Infectieuse, portant à neuf le nombre de piscicultures wallonnes touchées en 2024, ce qui a entraîné des pertes importantes pour les pisciculteurs et des inquiétudes face à des réglementations jugées inadéquates.
- La campagne d’empoissonnement est terminée, mais une pénurie de poissons due à un alevinage de mauvaise qualité et à une prédation accrue des cormorans est constatée pour toutes les espèces en cypriniculture.
- La présence d’oiseaux piscivores dans les piscicultures a évolué, rendant les méthodes d’effarouchement inefficaces et suscitant des inquiétudes parmi les pisciculteurs face aux pertes de production.
Filière Bio
- La problématique de l’utilisation du cuivre en bio est toujours d’actualité (pommes de terre, houblons, vignes, arboriculture).
- L’approvisionnement en plants bio de pommes de terre est toujours très compliqué.
- Le stock en pommes et poires arrive déjà à bout d’après certains acteurs, la quantité des récoltes 2024 ayant été très faible.
- La collecte de céréales devrait être moindre cette année (déconversions et météo 2024). En conséquence, les prix payés aux producteurs sont à la hausse.
- Les impacts de la FCO se stabilisent mais restent source d’inquiétudes, notamment concernant les effets du vaccin sur le cheptel.
Secteur de la transformation et de la commercialisation en circuit-court
- La solution des distributeurs de denrées alimentaires est de plus en plus adoptée par les producteurs.
- La FCO incite certains producteurs à se tourner vers des produits laitiers végétaux.
- La fusion annoncée de Campina et Milcobel inquiète certains producteurs. Cela les encourage à se lancer en diversification, sous la forme d’atelier partagé pour mutualiser l’outil de production.
Les prix GMS
Données de Statbel (décembre 2024) :
L’inflation s’élève à 3,16% (3,20% en novembre). L’inflation des produits alimentaires (y compris les boissons alcoolisées) s’est élevée à 1,85% contre 0,8% le mois précédent, mais il s’agit d’un effet de base ; les prix augmentant de 0,04% par rapport au mois précédent.
Au niveau de l’impact sur l’inflation, le groupe alimentation et boissons non alcoolisées fait -0,31 points en pourcentage. Il s’agit de l’impact le moins important avec le transport sur les 12 groupes étudiés par Stabel. La contribution à l’inflation de ce groupe s’élève à +0,34%. La contribution la plus élevée concerne le groupe logement, eau et électricité (+1,08%).
Les prix des denrées alimentaires dans le monde ont diminué de 2,1% en 2024 par rapport à l’année précédente, essentiellement du fait de la baisse des cours mondiaux des céréales et du sucre, selon la FAO : -13,3% céréales, -13,2% sucre, +9,4% huiles végétales, +4,7% beurre, +2,7% viande.
Les trois GMS dont les prix sont collectés par SOCOPRO reprennent les données suivantes :
Les produits dont le prix est le plus en hausse concernent les fruits (mais attention, cette hausse est liée au prix des fraises chez un des distributeurs), le beurre et la volaille. Les produits plus en baisse : légumes, bières, pommes de terre, céréales et secs.
A propos
Les éléments présentés dans le document sont établis sur base
- d’échanges avec des membres du Collège des Producteurs et des Commissions Filières
- de points d’attention spécifiques au bio établis en partenariat avec Biowallonie.
Il s’agit d’un travail non exhaustif faisant ressortir les éléments essentiels des préoccupations et perceptions des acteurs.
Méthodologie
L’objectif de ce rapport est de détecter les évolutions principalement au niveau des prix et de l’approvisionnement et d’identifier les préoccupations du secteur.
Une note est remise au Ministre chaque semaine à partir du 1er avril. Un rapport synthétique hebdomadaire est également publié.
Les différents acteurs des filières sont consultés par les chargés de missions du Collège des Producteurs.
Au niveau des fermes, les éléments à identifier pour tous vos produits (lait, bêtes maigres, bêtes grasses, produits transformés etc.) sont les suivants :
- Evolution des prix
- Evolution des quantités vendues
- Problèmes / préoccupations par rapport aux débouchés et circuits de commercialisation
- Problèmes / préoccupations par rapport à la collecte (normes sanitaires, restriction des quantités produites, …)
- Préoccupations par rapport au fonctionnement de la ferme (approvisionnement, …).
Sources
Un ensemble d’opérateurs se mobilisent pour donner une visibilité représentative de leur secteur. Ils sont les partenaires privilégiés du Collège des Producteurs au travers l’animation de nos Commissions Filières.