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Ce lundi 17 juillet, le Collège des Producteurs a pu profiter de la visite de la coopérative Bel’Orta organisée par Biowallonie pour les acteurs de la filière fruits et légumes.

Le rendez-vous est fixé à Sint-Katelijn-Waver dans l’un des trois sièges opérationnels de l’organisation (les deux autres se situant à Borgloon – spécifiquement pour les fruits – et à Zellik, vestiges des anciennes Criées flamandes aujourd’hui ayant presque toutes fusionnées pour former Bel’Orta en 2013) et après une courte vidéo de présentation, nous nous dirigeons vers le cœur battant de la Criée, la salle des ventes aux cadrans.

La salle des ventes aux cadrans

Le principe est simple et la loi de l’offre et de la demande y est appliquée avec une redoutable efficacité. Dans un grand auditoire accueillant les acheteurs de fruits et légumes, 6 cadrans sont projetés sur le mur. Dessus, les regards habitués des acheteurs repèrent immédiatement les informations dont ils ont besoin : type de produit, qualité, calibre et volumes disponibles y figurent pour chaque lot mis en avant par le gestionnaire de la salle. Et au centre du cadran, l’information cruciale : le prix. Il est d’abord fixé à une certaine valeur par le gestionnaire, en fonction de la qualité mais surtout des prix observés la semaine précédente. Et puis tout s’enchaîne très vite, le cadran est lancé et fait défiler le prix à toute vitesse …. vers le bas. On est ici dans un système opposé à celui des enchères. Ainsi le prix diminue rapidement jusqu’à ce qu’un acheteur pianote sur le clavier qui lui est assigné pour arrêter le cadran et remporter le lot au prix choisi. Il s’agit donc d’être rapide certes, mais également bien informé afin de trouver le bon équilibre entre payer un prix trop haut mais avoir la certitude de repartir avec ce dont on a besoin et attendre des prix plus bas et risquer que tous les produits partent aux concurrents. La compétition est donc plus ou moins tendue en fonction de l’offre proposée et de la demande pour ces produits. Un prix plancher est également fixé par les producteurs via des discussions antérieures entre membres de la Criée mais également avec les membres des autres Criées afin d’harmoniser les prix. Il est d’ailleurs intéressant de noter ici que pour maximiser la transparence des transactions, les prix pratiqués en temps réel dans les autres Criées flamandes comme Hoogstraten par exemple sont également affichés sur les écrans géants. Et pour plus de confort, il est également possible pour les acheteurs de participer aux transactions depuis chez eux via une plateforme en ligne connectée aux transactions ayant lieu à la Criée.

Très bien mais qu’advient-il des lots dont personne ne veut plus ? A la clôture de chaque séance de vente les invendus sont donnés à des banques alimentaires et ne sont donc pas stockés pour être revendus à la session suivante. Les lots proposés par Bel’Orta étant composés de produits de qualité et calibre similaires mais en provenance de producteurs différents, le poids de ces invendus est ensuite réparti sur l’ensemble des producteurs concernés par le produit. De même, un producteur est rémunéré sur base du prix de vente moyen pour un produit et une qualité donnée. Il peut donc arriver que ce prix soit inférieur au prix de revient du produit. En parallèle, Bel’Orta facilite également la logistique pour des contrats spécifiques entre producteurs et grandes surfaces. Dans ce cas-ci les prix sont fixés à l’avance par le contrat et sont donc indépendants du cadran.

Voilà pour le fonctionnement des ventes. Mais qu’en est-il du reste de l’immense plateforme logistique de plusieurs hectares où nous nous trouvons ? Nous partons à présent à la découverte des différents hangars qui composent cet ensemble titanesque et du déroulement d’une journée type pour un producteur de Bel’Orta.

Les arrivées de fruits et légumes sur le site se font entre 13h et 17h. En fonction du produit, le producteur peut choisir de récolter le matin même et livrer (ou faire livrer par un transporteur) dans les heures qui suivent ou bien de stocker ses produits (type courges ou choux) et de ne les apporter que quand les marchés lui semblent plus propices. Une fois le camion dans l’enceinte du site de Sint-Katelijne-Waver les marchandises sont acheminées vers le contrôle qualité et chaque fruit ou légume fait l’objet d’un contrôle rigoureux. Le producteur dépose ses produits selon des lignes d’acheminement spécifiques à chaque fruit ou légume et grâce à ses identifiants personnels déclare via un terminal le volume apporté ainsi que la qualité. A l’autre bout de la ligne, un contrôleur Bel’Orta spécialisé en un fruit ou légume particulier vérifie le volume et surtout s’assure que les produits correspondent bien à la qualité et au calibre déclarés. Si ce n’est pas le cas, les produits sont simplement déclassés. Les produits sont ensuite entreposés dans les hangars pour être vendus le lendemain à la vente au cadran. Une fois que celle-ci a démarré plus aucun produit ne peut entrer en ligne de compte afin de ne pas perturber les volumes offerts en début de vente et les calculs des acheteurs.

Petite parenthèse sur la qualité : la qualité est l’argument de vente numéro 1 de Bel’Orta et tout est mis en place pour garantir le maintien des standards et de l’image de la coopérative. Bel’orta fait d’ailleurs partie des cinq coopératives flamandes partenaires du label de qualité Flandria qui implique des exigences très strictes en matière de conditions de culture, hygiène et protection des cultures mais également en termes de qualité et calibre du produit.

Une fois achetés, les lots sont ensuite préparés dans les hangars de Bel’Orta et les camions des clients ou des transporteurs affrétés peuvent ensuite distribuer les produits dans toute la Belgique, voire beaucoup plus loin. En effet, 55% des ventes de Bel’Orta sont destinées à l’export, que ce soit dans l’espace européen ou international.

Le fonctionnement de Bel’Orta est donc bien huilé, efficace et permet d’écouler 620 millions d’unités (c’est-à-dire kilos ou pièces) de fruits et légumes par an pour un chiffre d’affaires total de plus de 500 millions d’euros. Et pour toujours plus d’efficacité, Bel’Orta possède également un hangar de 7.5 ha dédiés au conditionnement et où sont entreposées des montagnes de caisses de toutes formes et de toutes tailles, toutes aux couleurs Bel’Orta et attendant d’être récupérées par les producteurs sur le départ afin de leur permettre d’entreposer leurs légumes dans les caisses de la coopérative dès la récolte. Une chaîne de nettoyage de caisses EPS a également été installée afin de faciliter le roulement et les échanges entre caisses retournées par les vendeurs et caisses emportées par les producteurs.

Mais pour vendre des fruits et légumes, il faut les produire. Pas moins de 955 producteurs sont membres de la coopérative, la plupart ayant leur exploitation en Flandre, une centaine aux Pays-Bas et seulement 29 en Wallonie ! Ces producteurs sont tenus par les règles européennes régissant les organisations de producteurs de livrer au minimum 75% de leur production à la coopérative, les 25% restant devant ensuite être vendus directement aux consommateurs. Le fer de lance de la coopérative reste les tomates qui représentent, avec plus de 100 variétés différentes – le plus souvent sélectionnées par la coopérative via des tests agronomiques – 25% des ventes de Bel’Orta.

En ce qui concerne le secteur bio, Bel’Orta souhaite encore se développer. Actuellement 33 producteurs bio sont membres de la coopérative pour un chiffre d’affaires total de 9 millions d’euros réalisé principalement grâce aux ventes de tomates, concombres, poires et myrtilles. Ces volumes relativement faibles par rapport à ceux du conventionnel, ainsi que des prix plus fixes font que les produits bio ne sont pas vendus via les mêmes cadrans que les produits conventionnels et bénéficient de leur propre salle de vente. La coopérative est à la recherche de nouveaux producteurs bio ou de producteurs intéressés par la conversion mais la situation actuelle du secteur bio freine ces derniers et les produits restent donc pour l’instant minoritaires.

Le Collège des Producteurs